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introduction XXII intellectuelle », en plus de se fonder sur le témoignage des Sages, vivants et disparus. Cela s’appelle l’autohistoire. Cette sensibilité nouvelle nous aura donné, dans le travail de Sioui l’historien , plusieurs éléments d’un nouveau portrait de l’histoire du Contact. Sioui propose entre autres une nouvelle lecture de la guerre entre Hurons et Iroquois, selon laquelle les Hodenosaunee n’ont pas détruit la Huronie mais ont plutôt adopté et assimilé les survivants wendats dans le but de les préserver de la destruction inévitable. Sous sa plume, nous redécouvrons également des vignettes oubliées de la rencontre entre Jacques Cartier et les Stadaconas, alliés et parents ethniques des Wendats : l’explorateur aurait marié en 155 la nièce matrilinéaire (sa « fille ») du grand chef Donnacona qui lui aurait été offerte en signe d’alliance, sur les rives du Saint-Laurent. Ailleurs, dans un morceau plus littéraire,Kondiaronk Soiaga Sastaretsi,grand chef Wendat,nous apparaît, grâce à la magie de l’autohistoire, vivant, acteur et témoin de la Grande Paix de Montréal en 1701. Puis, entre les lignes du texte de 170 du Baron de Lahontan, dans lequel ce dernier discute avec Adario, le bon sauvage huron, Sioui retrouve la sagesse de ses ancêtres, celle qui répond à sa propre mémoire, à son propre héritage. Il y voit non pas une projection européenne sur une Amérique idéalisée, comme on a voulu le lire du point de vue européen jusqu’à présent, mais bien une fiction authentique qui met en scène les valeurs traditionnelles de l’Amérique – au premier chef celle de la liberté. Il y voit le désir réel des nouveaux arrivants, selon la belle expression de Georges Sioui, de s’« ensauvager » : « Volonté réelle des Français en arrivant en Amérique de découvrir une nouvelle façon de vivre et une pratique à laquelle les autorités cléricales tentaient de s’opposer ». L’autohistoire, regard à la fois savant et amérindien sur l’histoire des Amérindiens et du Nouveau monde, présente la découverte de l’Amérique non pas comme l’apparition à la conscience européenne d’un nouveau pays, un pays vierge aux possibilités infinies, mais plutôt un Accident. L’Accident, vécu par les peuples habitant le continent dont la culture était celle de la liberté et du respect, de l’interdépendance et de la circularité. Accident qu’a été l’arrivée d’explorateurs, de marchands et des robes noires envoyés par des monarchies absolues pratiquant le mercantilisme. Accident qu’a été l’arrivée de nouvelles pratiques de la guerre, de nouvelles pratiques du commerce, de nouvelles La sagesse du continent XXIII maladies et d’une manière fort étrange de comprendre le rapport à la terre. Accident qu’a été l’imposition d’un régime foncier, religieux et éducationnel complètement étranger à la culture et aux modes de vie en place, hérités selon le récit de temps immémoriaux. Accident spirituel : La maladie s’est mise à gagner sur la santé. L’Europe, au moment d’arriver accidentellement en Amérique, n’était qu’un grand foyer d’épidémies, tellement la Ligne avait intégralement remplacé le Cercle. On pourrait même dire que l’Europe, chroniquement et mortellement malade, a frén étiquement cherché un remède et son salut à la fin du 15e siècle. Ainsi, le seul sens acceptable d’une célébration de l’arrivée des Européens ici en 1492 serait le salut physique d’une Europe condamnée à mort, puis son retour graduel à la santé physique, mentale et spirituelle, dans l’air sain et salutaire de la Grande Île amérindienne. Cette guérison, toujours très incomplète, est une tâche à laquelle les Amérindiens continuent de vouloir contribuer. Voilà ce à quoi nous réfléchissons, nous dont le cœur bat au rythme de celui de cette Amérique, terre de vie pour tous, pendant que d’autres cœurs célèbrent encore un vieux monde que l’on a fui parce qu’il ne promettait que la mort. Georges Sioui, avec beaucoup de douceur, oppose une fin de non-recevoir à ce monde de souffrance, ignorant de la sagesse de la terre d’ici. Le sage L’activisme politique et...

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