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élevés aux usagers, une agence qui, dans l'esprit de la politique de grandeur qui a inspiré ses origines, veut construire plus gros et plus loin sans tenir compte de la demande pour son produit ou de son mandat initial. Il y aura accusation de gaspillage, de laxisme, dans la gestion de l'entreprise. On questionne le sérieux des mécanismes d'obligation de rendre compte et de contrôle d'Hydro-Québec imposés par son ministère de tutelle : le bon vouloir d'Hydro-Québec aurait, selon certains, conformé la politique énergétique du Québec jusqu'en 1978 (Faucher et Bergeron, 1986 : 118). C'est une remise en question de sa performance : politiques de tarification qui oublient le mandat d'Hydro-Québec, faillite dans son rôle de pôle de croissance, effets d'entraînement qui n'ont pas été à la hauteur des promesses, perte de vitesse au plan symbolique même, bref, il s'agit d'une entreprise « qui n'est plus à la hauteur de ce qu'elle a été jadis» (Faucher et Bergeron, 1986 ; Chanlat, 1984). À long terme La réaction à cette désaffection d'Hydro-Québec va être une volonté de mise en tutelle formelle par le gouvernement du Québec au début des années 80 : Hydro-Québec devra dorénavant, selon les dispositions de la Loi sur l'exportation de l'électricité de 1983 (projet de loi 4), établir un plan de développement « suivant la forme, la teneur, et la périodicité fixées par le gouvernement ». Mais, il n'est pas clair que l'opération de mise en tutelle ait réussi. Les événements depuis 1985 ne rassurent pas l'observateur des mezzanines : dans les dossiers d'exportation de puissance garantie vers les États-Unis, par exemple, certains ont affirmé que le gouvernement Bourassa avait été mis devant un « fait accompli » et que les négociations d'Hydro-Québec avec les États-Unis n'avaient pas été conduites de façon à assurernécessairement une rentabilité certaine (Paquet, 1988). Il est clair aussi dans d'autres dossiers — celui des impacts écologiques, par exemple — qu'HydroQu ébec n'a ni une politique de transparence vis-à-vis de ses actionnaires (c'est-à-dire le gouvernement et les citoyens du Québec), ni une politique de soumission à leurs impératifs. Hydro-Québec a encore une telle latitude dans la définition de ses politiques que certains affirment que celles-ci n'ont pas nécessairement à se conformer aux impératifs du gouvernement. Déjà, en 1966, Daniel Johnson dit avoir entériné l'accord Hydro-Québec/Brinco « le couteau sur 40 • Gilles Paquet — Tableau d'avancement la gorge » (Chanlat, 1984: 91). Trente ans après, il n'est pas clair, malgré les efforts pour resserer la tutelle, qu'Hydro-Québec soit moins un Etat dans l'État. Le milieu devient plus critique Formellement, l'autonomie d'Hydro-Québec a été réduite, même si, en fait, la logique des structures autonomes mises en place en 1962 et la culture organisationnelle qui en a découlé, continuent de peser lourd. Bureaucratisation accrue et obligation de rendre compte/contrôle faibles entraînent des désavantages qui sont devenus de plus en plus apparents à long terme. Les débats autour des exportations de puissance garantie ou encore à propos de la sous-traitance en Commission parlementaire, ont permis de déceler les tendances lourdes qui continuent d'orienter les choix fondamentaux d'Hydro-Québec. Avec le ralentissement des grandes constructions, Hydro-Québec a été harcelée à la fois par ses employés, qui veulent se protéger de la concurrence de la sous-traitance, et par ses sous-traitants, qui se sont habitués à prospérer à l'ombre de l'entreprise d'État. Celle-ci, dans ces débats, a montré jusqu'à quel point elle est encore hypothéquée par une dynamique de construction : construire plus gros et plus loin est ce qui a contribué à sa grandeur symbolique, quitte à trouver des débouchés plus tard. C'est encore la tendance dominante, alors même qu'Hydro-Ontario est déjà à l'heure de la conservation (Fagan, 1988). Il semble donc qu'après de grands moments d'enthousiasme et d'émotion, mais aussi de succès indéniables, Hydro-Québec puisse ne pas être l'instrument de politique économique qu'on avait espéré. Une...

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