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proposées par le GTPR, ce que les modifications plombières et prudentes auraient permis de faire, si seulement on avait accepté de faire le pari proposé par le GTPR et de commencer à construire un nouveau Canada. Du bon usage de Pépin-Robarts II n'est pas déraisonnable de suggérer que les travaux du GTPR ont fait long feu : le contexte n'était pas favorable, et le genre de recadrage que le GTPR suggérait a donc constitué une occasion manquée pour le Canada. Mais le contexte a changé, et il y a eu dérive vers une philosophie politique moins étriquée que celle que défendait Trudeau. On peut donc se demander légitimement : Les réflexions du GTPR à la fin des années 70 sont-elles encore d'actualité ? Peut-on encore en faire usage dans les stratégies que nous sommes en train de construire pour le 21e siècle au Canada ? Il me semble que les réflexions du GTPR restent d'actualité, et qu'elles peuvent inspirer des stratégies utiles dans les débats actuels dans trois directions :pour réaffirmer la centrâlité de la communauté dans la définition de la socio-économie, pour redéfinir la citoyenneté en conséquence et pour repenser la gouvernance du pays de manière à tenir compte de ces dimensions. D'abord, on peut commencer par reconnaître avecle GTPR (et avant lui, François Perroux [1942]) que le paysest une « hiérarchie de communautés », et que sa trame communautaire évolue de telle manière qu'elle devient de plus en plus complexe (Laurent et Paquet, 1998). Face à cette évolution, on peut soit gommer lescommunautés dans un effort d'homogénéisation et de simplification, avec pour résultat que la centralisation devient la solution au problème de gouvernance — c'est la stratégie à la Trudeau que nous avons dénoncée plus haut —, soit assumer pleinement les communautés et en prendre acte dans le design de la nouvelle gouvernance (Paquet, 200Ib, 2003). Le sens de certaines recommandations du GTPR est d'améliorer le processus de représentation des communautés. Cela peut se faire de deux façons : (1) en découpant (selon les impératifs de la subsidiarité) les responsabilités et la souveraineté en tranches correspondant aux divers niveaux de matérialité publique d'usage des biens et services publics, de manière à donner l'autonomie nécessaire aux communautés globales, nationales/socioculturelles, et locales ; et (2) en assurantpar des mécanismes électoraux renouvelés une meilleure représentation des communautés à chaque palier. Or, ces deux avenues sont encore ouvertes. La politique 168 • Gilles Paquet — Tableau d'avancement d'Examen des programmes du gouvernement fédéral (si elle avait été honnêtement poursuivie) aurait entraîné une dévolution considérable des activités vers les instances plus locales (Paquet et Roy, 1995), et on est tenté ces temps-ci de faire l'expérience avec un mécanisme électoral qui assure qu'une proportion des sièges est réservée aux partis politiques qui briguent les suffrages selon le pourcentage du vote. Voilà qui aurait l'avantage d'améliorer dramatiquement la qualité de la représentation dans une démocratie dite représentative. Ensuite, on doit commencer à redéfinir la citoyenneté d'une manière qui soit moins jacobine. Puisque les communautés existent, il faut que la citoyenneté soit définie en conséquence. Cela veut dire soit une solution à la suisse où il n'existe pas de citoyenneté suisse mais une citoyenneté dans le canton qui, elle, donne accès à la citoyenneté suisse (Steinberg, 1976 : 57), soit une solution à l'australienne où il existe une citoyenneté australienne qui requiert un engagement ferme vis-à-vis des valeurs de base sur lesquelles les Australiens se sont entendus en tant que communauté de communautés (Paquet, 2003, 2004, Zubrzycki, 1986). Dans l'un et l'autre cas, ces notions de citoyenneté impliquent des limites définies à la diversité et à l'inclusion, et une sorte de contrat moral définissant les obligations des citoyens tout autant que leurs droits. Il n'est pas certain que les règles à la suisse soient acceptables au Canada, mais l'idée d'une portion du pays où le français soit la langue officielle et une autre portion où ce soit l'anglais semble émerger naturellement des analyses du GTPR. C'est...

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