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CHAPITRE 14 La syndicalisation du nursing au Canada Sharon Richardson La vue d'infirmières formant un piquet de grève — et encore plus celle d'infirmières participant à une grève illégale — contraste avec le stéréotype répandu à leur sujet, qui les réduit à des professionnelles de la santé remplies d'abnégation . Ces dernières années, toutefois, des provinces comme Terre-Neuve-et-Labrador, la Saskatchewan et le Québec ont été secouées par des grèves des infirmi ères à l'échelle provinciale; d'autres conflits ont aussi menacé d'éclater en Saskatchewan, en Alberta et en Colombie-Britannique. Dans le climat actuel d'incertitude politique concernant le domaine de la santé, il est improbable que se résorbe l'agitation au sein des 75 % d'infirmières autorisées canadiennes qui sont syndiquées. Ce chapitre décrit certains des événements et facteurs les plus importants dans la société canadienne ayant favorisé la hausse du taux de syndicalisation des infirmières après la Deuxième Guerre mondiale, et cela, sous trois angles : 1°le soutien donné par les associations professionnelles de nursing à la négociation collective; 2°la création de syndicats infirmiers autonomes; et 3°les grèves des infirmières. L'avènement de l'infirmière de soins généraux ou de chevet Le bassin d'infirmières syndiquées au Canada est essentiellement composé d'infirmières de soins généraux (ou de chevet) en milieu hospitalier, ce qui n'a toutefois pas toujours été le cas. C'est après la Deuxième Guerre mondiale que la majorité des infirmi ères canadiennes ont commencé à travailler dans les hôpitaux. Auparavant, 60 % des diplômées des programmes hospitaliers en nursing œuvraient comme infirmières autonomes. Comme l'indique le chapitre 3, ces dernières prodiguaient les soins au domicile de leurs patients, qui les rémunéraient directement pour les services rendus. Seul un petit nombre d'infirmi ères diplômées travaillaient dans les hôpitaux, supervisant la main-d'œuvre étudiante qui accomplissait la plus grande part des activités soignantes. Ces institutions admettaient autant de stagiaires en nursing qu'il était nécessaire pour effectuer le travail dans les salles de malades, pratique qui occasionna un surplus d'infirmières diplômées, affectées par un chômage chronique. Cette situation poussa certaines directrices des soins à offrir du travail à leurs nouvelles diplômées à un salaire réduit, et celles-ci, qui administraient les soins aux patients, portaient le titre d'infirmières de soins généraux ou de chevet. Tout en stabilisant les services de nursing de l'hôpital, ces dirigeantes ont facilité l'organisation des stages selon les besoins de formation des étudiantes. Une infirmi ère cadre chevronnée commentait en 1942 :«L'expérience a démontré qu'il est impossible de satisfaire aux normes élevées du programme, tout en donnant les meilleurs soins aux malades, si le service de nursing de l'hôpital repose entièrement sur une main-d'œuvre étudiante1 .» Le déclenchement de la Deuxième Guerre mondiale en 1939 entraîna une diminution du chômage La syndicalisation du nursing au Canada 213 chez les infirmières. Comme nous l'avons vu au chapitre 11, quelque 4000 infirmières diplômées se joignirent aux brigades soignantes canadiennes et alliées durant la guerre, laissant derrière elles des postes vacants pour les infirmières autonomes et les nouvelles diplômées sous-employées. Entre 1930 et 1943, la proportion des infirmières autonomes a chuté de moitié, alors que celle des infirmières d'hôpitaux a presque doublé. L'insatisfaction à regard des conditions de travail dans les hôpitaux Malheureusement, les hôpitaux canadiens n'ont pas réussi à adapter leurs pratiques et politiques d'emploi pour répondre aux besoins du nombre croissant d'infirmi ères autorisées embauchées comme infirmières de chevet. Tout au long de la Deuxième Guerre mondiale , les infirmières d'hôpitaux ont fait preuve de patriotisme en continuant d'effectuer des quarts de douze heures, six jours par semaine, avec un rappel obligatoire et pour un salaire minime. Le Conseil canadien des hôpitaux (CCH) a répondu aux demandes répétées des infirmières pour une réduction des heures de travail en alléguant que la journée de...

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