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Les technologies numériques en éducation : théorie et profils de compétences chez les enseignants francophones de l’Ontario
- University of Ottawa Press
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RÉSUMÉ Une partie importante de la littérature actuelle traitant des technologies de l’information et des communications (TIC) en éducationseconcentresurl’utilisationetlesapprentissagesquele personnelenseignantdoitfaireainsiquesurlescompétencesqu’il doitdévelopper.Cependant,lescadresderéférencesdecestravaux trouventleurgenèsesurtoutdansl’expériencescolaireoudansles sciences de l’éducation et ne font guère mention des disciplines informatiques d’origine. Par conséquent, la formation offerte au personnelenseignantnepermetquerarementdeprendreconscience des fondements de la technologie et de ceux de la pédagogie ou de faire des liens entre les deux. Puisant directement dans les domaines de l’informatique, des sciences cognitives, des sciences del’informationainsiquedansledomainedelacommunication médiatisée par ordinateur, un ensemble de connaissances et de méthodes structurées et cohérentes émergent clairement comme fondementsappropriésàuncadrethéoriqueadaptéaudomainedes TIC en éducation. Partant d’une catégorisation des compétences liéesàl’usagepédagogiquedesTICenfonctiondecesdomaineset entenantcomptedecequiestpropreàlapédagogie,unensemble de profils de compétences technologiques fut généré à partir de donnéesrecueilliesauprèsd’enseignantsfrancophonesdel’Ontario. Cepremierregardsurcesprofils,laissedéjàentrevoir,avecunpeu plusdeprécision,lesdomainesoùlepersonnelenseignantsesent plusoumoinsàl’aiseparrapportàl’usagedesTIC. Les technologies numériques en éducation : théorie et profils de compétences chez les enseignants francophones de l’Ontario François Desjardins, Université d’Ottawa 188 D epuisl’arrivéedesordinateursdans lesécoles,lebesoindeformations particulières pour le personnel enseignant ne cesse de se faire sentir. Au vu des efforts faits pour structurer l’utilisation des technologies et les compétences que le personnel enseignant doit développer, un nombre croissant de recherches se sontpenchéessurlaquestiondurôleetdelaplacedes technologiesenéducation,ententantd’endégager une classification permettant d’éclairer ce nouveau domaine.Sansvouloirenfairel’inventairecomplet, quelques jalons importants permettent d’entrevoir l’évolution de la pensée concernant ce sujet. Tout d’abord, Taylor (1980) décrivait l’ordinateur de l’époque, avec ses logiciels d’enseignement programmé ou didacticiels très populaires, comme pouvantjouerlerôledetuteur.L’ordinateurétaitperçu comme « machine à enseigner » et l’enseignement était programmé. Cet auteur reconnaissait aussi que l’apprenant pouvait faire usage de l’ordinateur simplementcommeunoutildetravail,pourfairedes calculs,parexemple.Finalement,danslafouléedes idéesdeSeymourPapert(1980),Taylorconsidérait quecettenouvelletechnologiepouvaittenirlerôle d’un apprenant, en ce sens qu’un élève pouvait programmer cette machine pour qu’elle exécute une action précise et donc qu’elle « apprenne » à faire.Cederniertyped’usagesupposaitquel’élève pourraitapprendreuneprocédureenl’analysant,afin de«l’enseigner»àlamachine. Plustard,AlessietTrollip(1991)ontvoulu préciser ce rôle de tuteur en faisant certaines distinctions entre les divers types de didacticiels. Pour sa part, Means (1994) reprenait les idées de Taylor, mais voulait y intégrer les nouvelles possibilités de recherche et de communication offertes par les réseaux et Internet. Finalement, les idées de David Jonassen (1996), qui a décrit l’ordinateur comme un outil cognitif (mindtool) pourledéveloppementdelapenséecritique,ont marquéuntournantdanslalittératuresurlesujet. Celle-ci,désormais,sedétachaitdel’ancienneidée de « machines à enseigner » et ouvrait la porte à un usage de cette technologie centré sur le processusd’apprentissage.Ilfaisaitunedistinction importante entre apprendre de l’ordinateur et apprendre avec l’ordinateur, ce qui rappelait évidemmentlesproposdePapertetlaperspective constructivistedel’apprentissage. Ceseffortsdeclassificationsesontmultipliés, visant toujours une meilleure compréhension du phénomène. D’ailleurs, récemment, Basque et Lundgren-Cayrol (2003) ont recensé une vingtaine de typologies identi...