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INTRODUCTION Si nous parlons ici, en plein Siècle des Lumières, de "culture savante" en Nouvelle-France, aux frontières mêmes de l'empire français d'Amérique, c'est en raison d'un dossier très particulier: celui d'un homme de lettres, épris d'érudition, que le service de l'Eglise avait "appelé" auprès des nations amérindiennes. Comme tant d'autres d'ailleurs, venus depuis les débuts de la colonie française pour "évangéliser", sans doute! au cas où on l'oublierait! Mais... sans renoncer à cueillir, au passage, les fruits d'une "curiosité" pour le moins "programmée", comme on le verra, à propos d'un esprit qu'il faut ranger parmi certains encyclopédistes, disons sur le mode mineur. Au départ, il suffit de rappeler ici les acquisitions durables (ktèma te es aiei, aurait noté Thucydide), jetées "à l'ancre" (au sens de Potier), qui joue sur le mot "encre", matière fluide (melliflua) qui coule... et se fixe sur papier vergé, plus résistant. Une materiaprima réservée à l'écriture, investie de puissance morale et territoriale. Un parcours qui évoque celui d'un autre inconnu du monde des Amérindiens au siècle suivant, Nicolas Point, placé en situation parallèle, mais avec les "couleurs" en plus... Voici donc un tracé sommaire de ces acquisitions: — Les cahiers de notes sur les études: linguistiques (latin, grec, français, huron), littéraires, philosophiques, théologiques, scientifiques (environ 35 cahiers de sciences sont perdus); — La bibliothèquepersonnelle, analysée en appendice du volume II; — Le premier lexique du "parler français" en Amérique, très important dossier linguistique; — La toponymie française des carnets de voyage (chemins, routes); — Le double recensement des Hurons,en 1747. Document rarissime, qui nous renseigne sur la structure sociale et politique, en particulier sur l'organisation du Conseil des anciens et anciennes de la nation; 7 INTRODUCTION Si nous parlons ici, en plein Siecle des Lumieres, de "culture savante" en Nouvelle-France, aux frontieres memes de 1'empire franc;ais d'Amerique, c'est en raison d'un dossier tres particulier: celui d'un homme de lettres, epris d'erudition, que Ie service de 1'Egliseavait "appele" aupres des nations amerindiennes. Comme tant d'autres d'ailleurs, venus depuis les debuts de la colonie franc;aise pour "evangeliser", sans doute! au cas OU on l'oublierait! Mais... sans renoncer acueillir, au passage, les fruits d'une "curiosite" pour Ie moins "programmee", comme on Ie verra, apropos d'un esprit qu'il faut ranger panni certains encyclopedistes, disons sur Ie mode mineur. Au depart, il suffit de rappeler ici les acquisitions durables (ktema te es aiei, aurait note Thucydide), jetees "a l'ancre" (au sens de Potier), qui joue sur Ie mot "encre", matiere fluide (melliflua) qui coule... et se fixe sur papier verge, plus resistant. Une materiaprima reservee al'ecriture, investie de puissance morale et territoriale. Un parcours qui evoque celui d'un autre inconnu du monde des Amerindiens au siecle suivant, Nicolas Point, place en situation parallele, mais avec les "couleurs" en plus... Voici donc un trace sommaire de ces acquisitions: Les cahiers de notes sur les etudes: linguistiques (latin, grec, franc;ais, huron), litteraires, philosophiques, theologiques, scientifiques (environ 35 cahiers de sciences sont perdus); La bibliotheque personnelle, analysee en appendice du volume II; Le premier lexique du "parler franc;ais" en Amerique, tres important dossier linguistique; La toponymie franc;aise des camets de voyage (chemins, routes); Le double recensement des Hurons, en 1747. Document rarissime, qui nous renseigne sur la structure sociale et politique, en particulier sur l'organisation du Conseil des anciens et anciennes de la nation; 7 PIERRE POTIER ET LA CULTURE SAVANTE EN NOUVELLE-FRANCE - Le recueil des prières, cantiques et instructions, héritage de nombreux jésuites missionnaires; - Lacorrespondance, les livres de comptes, la chronique du temps; — Les registres de la mission huronne (dont une partie, originale, concerne les testaments des Amérindiens) et ceux de la paroisse française. Le projet de répandre la foi catholique remonte à l'époque des découvertes et s'articule progressivement aux XVe et XVIe siècles, au rythme des explorations, tant du côté oriental (Afrique, Inde, Chine, Japon) que du côté occidental (Amérique du Sud et du Nord). Les conquérants européens —surtout portugais et espagnols, relayés par les Français et les Anglais —se partagèrent les territoires conquis en vue de les...

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