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CHAPITRE III LES COLLABORATIONS: MODALITÉS ET ENJEUX Le modus operandi des traducteurs, c'est-à-dire la manière dont ils procédèrent pour mener à bien leur tâche, varia d'une époque à l'autre et il est clair que, des trois approches relevées, soit le travail en solitaire, à deux, ou en groupe, la deuxième est celle qui caractérise le mieux le XIIe siècle. Cependant, la proportion des travaux qui, à cette époque, furent réalisés par un seul traducteur est considérable. Il ne faut pas perdre de vue toutefois que lorsque tel intervenant signe seul une traduction, cela ne signifie pas nécessairement qu'il n'a pas bénéficié de la collaboration de spécialistes, des matières ou des langues, ni consulté de traductions existantes. Un grand nombre des travaux se fondaient sur des œuvres elles-mêmes précédemment traduites ou adaptées d'autres textes et rien n'autorise à penser que les traducteurs latins ou alphonsiens firent table rase des versions antérieures, parallèles ou concurrentes. Imaginerait-on du reste aujourd'hui les «retraducteurs» de Shakespeare, Dostoïevski4 ou Faulkner adopter semblable attitude vis-à-vis 42. Mentionnons par exemple la traduction française radicalement nouvelle entreprise depuis quelques années par André Markowicz : tout en étant fort différente dans sa manière des traductions hypertextuelles et ethnocentriques (c'est-à-dire respectueuses d'abord et avant tout d'une certaine forme de «beau parler hexagonal») jusque-là proposées, l'entreprise de« décapage» de Markowicz a vu le jour non point ex nihilo, mais précisément en réaction contre les versions existantes dont elle prend le contrepied . 83 CHAPITRE III LES COLLABORATIONS: MODALITES ET ENJEUX Le modus operandi des traducteurs, c'est-a.-dire la maniere dont ils procederent pour mener a. bien leur tache, varia d'une epoque a. I'autre et il est clair que, des trois approches relevees, soH Ie travail en solitaire, a. deux, ou en groupe, la deuxieme est celIe qui caracterise Ie mieux Ie xne siecle. Cependant, la proportion des travaux qui, a. cette epoque, furent realises par un seul traducteur est considerable. II ne faut pas perdre de vue toutefois que lorsque tel intervenant signe seul une traduction, cela ne signifie pas necessairement qu'il n'a pas beneficie de la collaboration de specialistes, des matieres ou des langues, ni consulte de traductions existantes. Un grand nombre des travaux se fondaient sur des reuvres elles-memes precedemment traduites ou adaptees d'autres textes et rien n'autorise a. penser que les traducteurs latins ou alphonsiens firent table rase des versions anterieures, paralleles ou concurrentes. Imaginerait-on du reste aUlourd'hui les « retraducteurs» de Shakespeare, Dostoi:evski4 ou Faulkner adopter semblable attitude vis-a.-vis 42. Mentionnons par exemple la traduction franc;aise radicalement nouvelle entreprise depuis quelques annees par Andre Markowicz: tout en etant fort differente dans sa maniere des traductions hypertextuelles et ethnocentriques (c'est-a-dire respectueuses d'abord et avant tout d'une certaine forme de «beau parler hexagonal») jusque-Ia proposees, l'entreprise de«decapage» de Markowicz a vu Ie jour non point ex nihilo, mais precisement en reaction contre les versions existantes dont elle prend Ie contrepied . 83 LE TRADUCTEUR, L'ÉGLISE ET LE ROI des versions ayant précédé les leurs43 ? Certains cas demeurent par ailleurs obscurs, commecelaestvrai en particulier d'Adélard de Bath, dont la formation et l'itinéraire indiquent qu'il n'était vraisemblablement pas en mesure de réaliser seul les travaux de traduction portant son nom. Ses réalisations, cependant, se situent en marge du gros de la production de cette époque, qu'elles précèdent de quelques années, ce qui explique peut- être en partie le manque de détails les concernant. On retrouve, tant parmi les intervenants d'origine espagnole que parmi ceux qui quittèrent l'Angleterre, l'Italie ou d'autres régions pour se rendre en Espagne, des hommes qui entreprirent seuls deverser en latin des œuvres rédigées en arabe. En fait, une bonne partie des lettrés de cette époque eurent l'occasion de travailler seuls à certainestraductions arabo-latines. AinsiAbrahamBarHiyya, Abraham B. 'Ezra, Hermann le Dalmate, Hugues de Santalla, Jean de Séville, PierreAlphonse, Robertde Chester et Rodolphe de Bruges réalisèrent-ils des traductions en solitaire. Au XIIIe siècle, le nombre de traducteurs qui travaillèrent seuls est plus limit...

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