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CHAPITRE IV La contexture photographique articulation du modèle Après avoir analysé Le Sauteur à la perche (ill. no 1) d'Alexander Rodchenko, considérant ses aspects opaques et transparents modélisés en termes de percepts et de concepts dont le fonctionnement opère en simultanéité, nous proposons dans ce chapitre un retour à la théorie, ce qui nous permettra d'articuler le modèle de contexture annoncé au début de cet ouvrage. Nous reprenons ainsi les propositions de Philippe Dubois résumées au chapitre I, pour les développer en profondeur. Ces propositions concernent la double ontologie du signe photographique ainsi que l'articulation des divers espaces que la photographie met en jeu. Nous proposons également une discussion du concept de « photographique » élaboré par Rosalind Krauss, et que nous avons aussi résumé au chapitre I en guise d'introduction à l'état de la question d'une définition du signe photographique. Les notions majeures soulignées lors de l'analyse (approches perceptive et conceptuelle) seront reprises afin de bien marquer nos assises pratiques dans l'élaboration du modèle qui a idéalement la souplesse de s'adapter à d'autres types de photographies, tel que nous le verrons dans le prochain chapitre. Philippe Dubois397 propose de comprendre la photographie selon une double ontologie : « On ne peut pas penser la photographie en dehors de son inscription référentielle398», écrit-ild'abord. Il souligne « la force 397 L'Acte photographique, Paris-Bruxelles, Nathan-Labor, 1990 (1983). 398 Ibid., p. 64.Cequi ne serait pas le cas pour la peinture qui, pour Dubois, relève d'une pratique de l'addition, alors que la photographie opère par soustraction, « L'espace pictural [...] est dans l'adjonction », « L'espace photographique [est] une soustraction », ibid., p. 169. 118 LA PHOTOGRAPHIE MALGRE L'IMAGE pragmatique de l'ontologie indiciaire399» comme moteur essentiel à la compréhension du signe photographique, en insistant sur l'importance de « la liaison existentielle au réfèrent400»qui caractérise la photographie, attestant ainsi « ontologiquement de l'existence de ce qu'elle donne à voir401». Le sens de la photographie, de poursuivre Dubois, réside« d'abord dans sa référence. C'est là un point incontournable402». De plus, il s'agirait là d'une particularité qui « distingue radicalement la photographie de tous les autres moyens de représentation403». Voilà pour une spécificité, correspondant à ceque nous nommons la transparence de la photographie vis-à-vis son réfèrent, celui-ci pouvant être défini sommairement comme ce qui a été photographié; correspondance qui trouve notamment son équivalent dans l'attitude représentationaliste évoquée au début de notre travail404 , et qui veut que le signe s'efface devant ce qu'il représente405 . D'autre part, Philippe Dubois insiste tout autant sur l'écart existant entre le réfèrent et sa représentation photographique : « s'il y a nécessit é (ontologique) d'une contiguïté référentielle, il n'y en a pas moins (tout aussi ontologiquement) nécessité d'un écart, d'une séparation, d'une coupure406». «À aucun moment, précise-t-il, dans l'index photographique , le signe n'est la chose407 . » Voilà donc une problématique sémiotique, un rapport différentiel entre un signe et une chose. Cette nouvelle ontologie, celle de l'écart, correspond à l'opacité du signe photographique quant au rapport qu'il entretient avec son réfèrent. Elle trouve son équivalent dans l'attitude qui considère une pragmatique de renonciation du point de vue perceptivo-moteur adopté par le récepteur du plan d'expression photographique; alors que la pragmatique de renonciation photographique, comprise du 399 Ibid., p. 79. 400 Ibid., p. 6l. 401 Ibid., p. 70. 402 Ibid., p. 76. 403 Ibid., p. 77.Pour Philippe Dubois, la photographie relève de la métonymie, alors que la peinture se rapprocherait davantage de la métaphore, ibid., p. 113. 404 D'après la proposition de François Récanati, La Transparence et dénonciation, Paris, Seuil, 1979. 405 Ibid., p. 8. Dans le cas de la photographie, le signe s'efface précisément parce que du point de vue de l'ontologie indiciaire, il n'y a pas de signe; la nécessité d'un écart, l'autre ontologie, fera réapparaître, pour ainsi dire, le signe dans son opacité d'objet. 406 Philippe Dubois, op.cit.,p. 86. 407 Ibid., p. 87. [18.189.2.122...

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