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CHAPITRE III Construction sémiotique Analyse : Le Sauteur à la perche 3.1. Repérer et contextualiser le plan d'expression photographique II nous faut d'abord repérer le signe photographique qui va faire l'objet de notre analyse, en vertu du principe de boniformisation: en distinguant d'abord ce qui constitue la photographie Le Sauteur à la perche (ill. no 1) par rapport à ce qui l'entoure; ceci, afin de déterminer précis ément cette photographie comme principal énoncé visuel : c'est le plan d'expression photographique. Ainsi cette forme rectangulaire se présente-t-elle sur un fond blanc, permettant la reconnaissance de l'image photographique comme objet perceptible à la fois singulier et, d'une certaine manière, isolé. Cependant, de ce cadre-frontière qui permet de distinguer une forme sur un fond, une relation s'installe justement entre ce fond et cette forme. Nous avons alors un type d'énonciation; le fond constituant un champ de force qui accueille l'énoncé photographique constitué par Le Sauteur à la perche. L'énonciation doit être considérée à la fois dans la perspective de la perception de l'image, ainsi que dans la perspective d'une réception dont le point de vue se veut d'ordre conceptuel. On considère alors le point de vue de la production photographique, ce que Philippe Dubois nomme la pragmatique304 de renonciation photographique , soit un savoir corrélatif à la réception de cet énoncé qui induit certains raisonnements et réflexions quant à une analyse appropri ée à ce type d'image. La pragmatique relative à la réception que nous privilégions nous 304 L'Acte photographique, Paris-Bruxelles, Nathan-Labor, 1990 (1983), p. 57. 84 LA PHOTOGRAPHIE MALGRE L'IMAGE Illustration 1. Alexander Rodchenko, Le Sauteur à la perche (1936), photographie noir &blanc. convie à considérer la relation que nous entretenons avec le signe dans une optique qui considère non seulement l'énoncé, mais aussi le contexte de sa présentation, à savoir son énonciation entendue selon un point de vue perceptif. Pour notre propos, il s'agit également de consid érer le véhicule de renonciation, à savoir le médium photographique , ce qui fait appela une appréciation d'ordre conceptuel particulière; étant entendu par ailleurs que nous travaillons à l'élaboration d'un modèle sémiotique de compréhension propre au signe photographique . 3.2. Le plan d'expression :l'opacité Approche perceptivo-motrice II s'agit d'apprécier le plan d'expression photographique comme principal énoncé constituant le point de départ de notre construction sémiotique . En travaillant l'opacité du signe photographique dans un [3.147.205.154] Project MUSE (2024-04-25 13:29 GMT) CONSTRUCTION SÉMIOTIQUE 85 contexte pragmatique de réception, nous effectuons une sorte de trajet de type centrifuge qui, du plan d'expression photographique consid éré comme forme autonome, se dirige vers son pourtour pour s'orienter ensuite vers le champ qui enveloppe cette image; ce parcours relativise l'autonomie du plan d'expression pour considérer les énergies qui découlent de l'interaction forme-fond. Nous avons alors une activité perceptive qui considère renonciation du plan d'expression photographique. 3.2.1. Approche perceptive du seul énoncé Nous travaillons à partir d'une reproduction du Sauteur à la perche mesurant 11X 14,40 cm. Il s'agit d'une image en noir &blanc qui montre , sur fond quasi monochrome, plusieurs vecteurs orientés tous azimuts dont les principales composantes sont des lignes auxquelles s'accroche un motif biomorphique imposant quant à son importance graphique sur le plan d'expression. Ce motif s'inscrit à droite du plan d'expression, et tend à exercer un certain poids vers le bas. Parmi les variables visuelles présentes sur l'énoncé, nous retenons la vectorialité, l'implantation dans le plan et la frontière/contour, à savoir des variables perceptuelles305 . Leur considération nous apparaît à la fois nécessaire et suffisante pour élaborer un modèle général de compr éhension sémiotique du signe photographique à partir, notamment, du Sauteur à laperche. En l'occurrence, ces variables nous apparaissent les plus prégnantes. Aucune des lignes montrées sur le plan d'expression du Sauteur àla perche ne respecte le privilège que nous accordons tous à la verticale comme mode d'organisation d'une figure; et il semble bien y avoir consensus quant à cette exigence fondamentale. Pour Paul Guillaume, par exemple, « il y a dans l'espace des directions privilégiées306»,identifi ées à l'horizontale et à la...

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