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300 MICHEL VENNE qui leur appartienne comme celui du Québec, et leur poids politique au Canada anglais est en déclin. Il me semble que le premier pas à faire est de s'entendre sur l'objectif . Car je ne perçois pas que le projet de fonder des institutions unilingues françaises soit reconnu comme un objectif par tous les francophones minoritaires du Canada. J'entends même des soi-disant leaders de vos communautés vous inciter à passer à l'anglais. Je constate que des francophones se demandent aussi s'il est préférable de fonder une institution de langue française plutôt que de profiter d'une institution bilingue dans un contexte où le nombre ne permet pas toujours d'offrir des services de la meilleure qualité. Je reçois cet argument qui est valable. Mais je le prends pour ce qu'il est : un obstacle à surmonter, une condition avec laquelle composer plutôt que comme un empêchement. Il est bien évident que la forme et le mode de financementd'institutions en milieu minoritaire doivent être adaptés aux circonstances. Au premier chef, si les francophones veulent des institutions qui leur appartiennent, ils doivent le décider eux-mêmes. Ce n'est certainement pas à moi où à quiconque de le faire. Il revient aux francophones de déterminer ce qui correspond à leurs besoins. Mais s'ils désirent fonder des institutions qui leurs sont propres, la première chose à faire est d'insister pour que les organisations qu'ils ont créées pour les représenter l'affirment et en fassent une priorité d'action. Deuxièmement, il faut mettre le gouvernement fédéral devant ses responsabilités. Le premier ministre Jean Chrétien, émule de Pierre Elliott Trudeau, croit-il encore à l'avenir des francophones dans ce pays? Lui qui a fait une partie de sa carrière en faisant valoir l'importance pour le Canada de ses ancêtres français, ceux qui ont découvert l'Ouest canadien. Lui qui, lors de la campagne référendaire sur la souverainet é du Québec, en 1995, en cherché à culpabiliser les Québécois en leur disant qu'il serait injuste d'abandonner les francophones des autres provinces en fondant un pays séparé. N'est-il pas temps que l'appui accordé au camp du NONpar les francophonesminoritaires du Canada rapporte un peu? Soyons cyniques, voulez-vous? Mais surtout , mettons Jean Chrétien et l'ensemble du gouvernement fédéral devant leurs responsabilités :s'ils croient en l'avenir desfrancophones dans ce pays, ils doivent débloquer des fonds pour créer des institutions durables : des institutions d'enseignement, des centres de recherche, des entreprises, des théâtres, des hôpitaux, des services sociaux, des médias... DEUX ENJEUX : CRÉER DES INSTITUTIONS ET RENOUER AVEC LE QUÉBEC 301 Ottawa utilise bien son pouvoir de dépenser pour empiéter dans les champs de compétence provinciale, ou pour construire des infrastructures sportives. Pourquoi ne pas dépenser un peu de cet argent pour assurer un avenir aux communautés francophones? Combien consacre-t-il d'argent, et avec raison, pour le bien-être et l'éducation des Amérindiens et des Inuits? Combien coûte le nouveau gouvernement du Nunavut? Il ne s'agit pas de se dresser contre les communaut és autochtones, qui ont besoin et qui ont droit au soutien de l'État. Mais de faire réaliser à ce gouvernement que les minorités de langue française ont droit elles aussi à l'appui du gouvernement, et pour des motifs similaires. En outre, l'une des manières de permettre aux francophones de créer des institutions qui leur appartiennent est de leur confier des responsabilités, comme on le fait pour les gouvernements autonomes autochtones. Troisièmement, il faut mettre, avec l'aide d'Ottawa s'il le faut, les provinces devant leurs responsabilités à elles. Devant les mêmes responsabilités d'aider les francophones à se doter des institutions dont ils ont besoin. Enfin, les francophones minoritaires du Canada peuvent interpeller le Québec. Il y aurait lieu que l'aide déjà accordée par le gouvernement du Québec, et celle qui pourrait s'ajouter, soit orientée vers des projets institutionnels durables plutôt que vers des activités éphémères. Au lieu de financer un festival de théâtre qui dure une semaine et qui ne reviendra pas, pourquoi...

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