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RENOUVEAU CONSTITUTIONNEL ET GOUVERNANCE SCOLAIRE de garder à l'esprit que la sauvegarde des droits des minorités était une condition de l'entréede cesdernières dans lafédération et l'assise sur laquelletoute lastructure apar la suite été érigée. À mesure que les années passent, il faut empêcher le processus d'interprétation de mettre en veilleuse et de revoir à la baisse les dispositions du contrat original sur lequel la fédération s'est construite, et il n'est pas non plus légitime qu'une interprétation judiciaire quelconque des dispositions des articles 91 et 92 impose un contrat nouveau et différent aux entités fédérées1. (italique ajouté) [traduction] Tout le dilemme politique qui entoure les droits des minoritéslinguistiques se retrouve dans ce court paragraphe : les idéaux de reconnaissance, de respect et de développement des droits des minorités ont constitué la pierre angulaire du Canada. Cette vision humaniste du pays, tout à fait « canadienne » et unique en son temps, s'opposait aux rivalités entre anglo-protestants et franco-catholiques qui caractérisaient en partie cette époque. Elle a su résister au test de la réalité politique, bien que pas toujours avec succès. Pendant des années, les minorités de langue française ont vécu à l'ombre du clocher sur leurs terres ancestrales. Chérissant l'idée de la mission civilisatricedu catholicisme promue avec vigueur par le chanoine Lionel Groulx1 , elles se contentaient des assurances d'une vie éternelle protégée2 . Dès 1965, toutefois, il devenait évident qu'une profonde transformation s'opérait. La Commission Laurendeau-Dunton concluait que cette vision protectrice était de plus en plus considérée comme une illusion. Le premier geste significatif de rupture est survenu en 1971 à la Conférence de Victoria. Dans le chaleureux climat d'enthousiasme et de confiance créé par le centenaire de 1967 et la Conférence sur la Confédération de demain, les provinces de l'Ontario, du Manitoba, de la Nouvelle-Ecosse, du NouveauBrunswick , de l'île-du-Prince-Edouard et de Terre-Neuve acceptaient de devenir officiellement bilingues. Malgré cet engagement extraordinaire qui aurait modifi é le statut des minorités francophones partout au Canada, le premier ministre Bourassa refusait plus tard de signer la Charte de Victoria et l'accord historique s'effondrait3 . En adoptant cette position, le Québec tournait le dos au passé glorieux de ses explorateurs, découvreurs, colonisateurs et missionnaires. Il posait en prémisse que le développement de son héritage français n'avait pas à tenir compte de la condition des minorités francophones ailleurs au pays ni de leurs luttes héroïques pour la survivance. Ce refus du Québec d'accepter la Charte de Victoria a eu d'importantes répercussions, que l'on ressent encore aujourd'hui. Non seulement le Québec quittait la famille canadienne-française, mais on laissait aux autres provinces le soin de traiter avec leur minorité de langue officielle. En 1989, le gouvernement x PRÉFACE xi du Québec refusait d'intervenir devant les tribunaux de la Saskatchewan et de l'Alberta pour aider à défendre les droits à l'instruction de la minorité francophone en vertu de l'article 23 de la Constitution, qui protège ces droits. Il invoquait comme argument que chaque province devait pouvoir être seul maître à bord face aux droits de sa minorité de langue officielle. En réalité, cet argument reconnaissait que chaque gouvernement provincial était libre de discriminer à sa guise. Le Québec a adopté cette position au moment où il cherchait à être reconnu comme le champion de la vie française en Amérique et comme membre à part entière du Sommet de la Francophonie — une contradiction qui ne semblait nullement gêner ses dirigeants politiques. La table était maintenant dressée pour la modification du caractère fondamental du Canada. En fait, pendant ces années, deux tendances opposées existaient au pays. D'un côté, le fédéral prenait des mesures pour confirmer l'égalité du français et de l'anglais dans la Loi sur les langues officielles (adoptée en 1969)4 , s'attachait à mettre en œuvre des programmes visant à offrir l'enseignement des langues officielles et lançait des programmes pour appuyer la formation de leaders efficaces au sein des communautés minoritaires. Cette tendance a culminé avec l'adoption de la...