In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

288 RENOUVEAU CONSTITUTIONNEL ET GOUVERNANCE SCOLAIRE la deuxième ronde de négociations. Pour y parvenir, il est essentiel de ratifier l'accord avant la date d'échéance119 . Le 21 juin, Raymond Bisson, le président de la SFM, écrit à Filmon et aux chefs de l'opposition, ainsi qu'à Clyde Wells et aux membres de la Newfbundland House of Assembly pour les exhorter à ratifier l'accord dans les plus brefs délais120 . L'ACFO est ravie de l'issue de la rencontre de la semaine du 3 au 9 juin entre le premier ministre fédéral et les premiers ministres provinciaux.Rolande Soucie, sa présidente, félicite le premier ministre David Peterson de son appui inébranlable à l'égard de la disposition relative à la société distincte, qui permettra au Québec de réintégrer le giron confédératif « dans la paix et dans l'honneur ». Elle applaudit à sa générosité sur la question de la réforme du Sénat, car il a accepté de renoncer à quelques sièges ontariens au Sénat pour faire passer l'entente. Soucie assure Peterson que l'ACFO et la communauté qu'elle représente continueront d'appuyer toute mesure visant à améliorer la gestion linguistique du Canada et de l'Ontario. Elle l'encourage vivement à respecter l'engagement qu'il a pris d'inscrire la promotion de la dualité linguistique à l'ordre du jour de la prochaine ronde de discussions constitutionnelles et d'accorder une place à l'ACFO dans ces négociations121 . Malgré toutes les acrobaties politiques, le « coup de dés » de Mulroney échoue dans un feu d'artifice de publicité nationale humiliante. Gary Filmon n'a pu ou n'a pas voulu obtenir l'appui unanime des membres de l'Assemblée législative du Manitoba dont il a besoin pour modifier l'ordre des travaux sans l'avis de deux jours habituel pour que le vote sur l'accord du lac Meech ait lieu. Un membre isolé du Nouveau Parti démocratique, Elijah Harper, un Cri de la bande de Red Sucker Lake, appuyé par la Manitoba Fédération of Indians et l'Assemblée des Premières Nations dirigée par Ovide Mercredi, refuse de donner son consentement pendant près de deux semaines. Lorsque Filmon informe Wells, tard dans la soirée du 21 juin, que l'Assemblée législative du Manitoba va suspendre ses travaux à 12 h 30 le lendemain sans avoir pu voter, c'en est bel et bien fini de l'accord. Après avoir consulté longuement son Cabinet et son caucus , Wells décide qu'il est contre-productif de soumettre l'accord à un vote à la Newfoundland House of Assembly, puisqu'il sera sûrement battu pour une deuxième fois, ce qui ne ferait que mortifier Bourassa, le gouvernement du Québec et l'ensemble des francophones qui appuient l'accord depuis trois ans. Le sénateur Lowell Murray échoue également dans sa tentative désespérée de convaincre Wells de procéder au vote en faisant valoir que la Cour suprême reporterait l'échéance pour le Manitoba. Ce sordide épisode confirme tout simplement la perception de Wells à l'égard de la conduite politique peu scrupuleuse de Mulroney, et prouve le bien-fondé de son opposition tenace à l'accord122 . En dernière analyse, la maîtrise d'œuvre de la politique mégaconstitutionnelle a échappé au premier ministre et à son allié du Québec. Mais l'échec spectaculaire DEUX CONCEPTIONS CONCURRENTES DU DUALISME S'AFFRONTENT 289 de l'accord du lac Meech ne leur sert pas de leçon, puisqu'il ne fait que renforcer leur détermination de relancer les dés dans une autre ronde encore plus vaste de querelles constitutionnelles. Étant donné l'ambivalence dont la Fédération et la plupart de ses associations membres ont fait preuve pendant longtemps, de leurs diverses volte-face, de leur éventuelle acceptation sans condition, puis de leurs attentes irréalistes, il n'est pas étonnant qu'elles considèrent l'échec de l'accord comme un coup mortel porté à leur épanouissement. «Je ressens une profonde tristesse, déclare Rolande Soucie, face à la non-ratificationde l'accord du lac Meech. Les Québécoises et les Québécois interpréteront sûrement cet échec comme le rejet du Canada anglais, rejet plus répandu qu'on ne le croyait de la thèse des deux peuples fondateurs. Il faut envisager...

Share