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160 LA FORMATION À LA TRADUCTION PROFESSIONNELLE irait même de la survie des langagiers. En second lieu, le Comité fait état d'une forte demande à l'égard des outils informatiques (1999, p. 37)et on conviendra d'emblée que l'offre est variée. La réalité, cependant, ne confirme pas toujours les souhaits exprim és. En effet, le Rapport (Comité, 1999, p. 29) mentionne que« [1] 'industrie canadienne de la traduction maîtrise bien les outils informatiques de base, mais [que] le taux de pénétration des outils électroniques ou informatiques plus sophistiqués d'aide à la traduction est relativementbas ».Comme le montre notre étude des connaissances informatiques attendues des aspirants traducteurs, l'expression « outils informatiques de base »comprend les logiciels bureautiques courantset, sans doute, les ressources documentaires électroniques; elle exclut cependant toute référenceaux logiciels linguistiques. On serait tenté de conclure que la maîtrise des outils informatiques spécialisés pour langagiers n'est pas monnaie courante. À l'appui de cette hypothèse, soulignons qu'une des menaces au plan des compétences et des ressources humaines perçues par le Comité est le scepticisme des langagiers en exercicepar rapport aux outils informatiques(1999,p. 68). Enfin, un autre signe de malaise ou d'urgence pressentie est l'insistance des auteurs du Rapport à inclure parmi les recommandations la question des outils d'aide à la traduction; 7 des 42 recommandations du Rapport en font explicitement mention, c'est-à-dire une sur six. Devant ces tendances apparemment contradictoireset dans le but de mesurer concrètement les exigences des employeurs dans leur quête de personnel, nous avons entrepris de scruter des offres d'emploi pour langagiers récemment parues. Offres d'emploi et technologies Le corpus étudié comprend 63 offres d'emploi pour langagiers transmises à ses membres par l'Ordre des traducteurs, terminologues et interprètes agréés du Québec (OTTIAQ) de janvier 1999 à mai 2000. Pour chacune, les exigences ayant trait aux outils informatiquesont été recensées, puis classées. Il est à souligner qu'une même offre pouvait entrer dans plus d'une catégorie; le total des offres dépasse donc63. Voici les résultats des offres dépouillées : • 38 % (24offres) ne précisent rien quant aux connaissances informatiques; LA FORMATION DES LANGAGIERS AUXOUTILS INFORMATIQUES 161 • 21 % (13offres) :bonne connaissance de Microsoft Word; • 21 % (13) : suite logicielle Microsoft Office (nommément Word, PowerPoint, Excel); • 21 %(13) : outils de recherche électroniques [Grand dictionnaire terminologique et TERMIUM (7), Internet (5), Naturel4 (1)]; • 10%(6): outils d'aide à la traduction (sans plus de précision); • 8 % (5): logiciels courants (sans plus de précision); • 5 %(3): outils terminotiques (offres destinées à des terminologues). En substance, il est permis de classer les offres d'emploi en trois catégories : a) celles qui ne précisent aucune connaissance informatique particulière; b) celles qui demandent des connaissances bureautiques générales; et c) celles qui exigent la maîtrise des outils informatiques pour langagiers. Cette dernière catégorie, objet de la présente discussion, ne représente que 10des 63 offres5 , c'est-à-dire moins d'une offre d'emploi sur six. Cette faible proportion met en cause l'affirmation contenue dans le Rapport sur les attentes élevées de l'industrie envers les nouveaux arrivants sur le marché du travail. Il ressort plutôt de cette brève enquête que les compétences informatiques exigées sont minimales, quand elles ne sont pas carrément inexistantes.Enrevanche, l'enquête apporte de l'eau au moulin des auteurs du Rapport quand ils remarquent que la maîtrise des aides technologiques par les langagiers en exercice demeure en bonne partie inadéquate. Il est tentant de croire que le marché de la traduction ne saisit pas clairement l'importance de s'appuyer sur les outils d'aide aux langagiers. Que conclure de cette courte analyse? Citons Betty Cohen, qui semblait justement faire le point à cet égard dans une récente livraison de Circuit (2000, p. 3): Les aides informatiques à la traduction sont des innovations bienvenues qui nous aident beaucoup plus qu'elles nous menacent.Mais encore faut-il se les approprier et savoir s'en servir, c'est-à-dire, d'une part, arrêter de laisser nos clients les acheter à l'aveuglette, et les conseiller sur leurs achats; d'autre part, utiliser nous-mêmes ces produits à bon escient, pour offrir un service rapide et de qualité professionnelle . Cependant, cela implique une transformation radicale...

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