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MARIO WANDRUSZKA OU LA STYLISTIQUE COMPAREE DANS UNE PERSPECTIVE EUROPEENNE André Dussart« II faut, dans nos temps modernes, avoir l'esprit européen » (Madame de Staël, [1810] 1968 : 50) 'il est vrai que l'Europe est une grande Babel, l'amateur de littérature semble gâté en cette fin de vingtième siècle dans nos pays. Il peut goûter à de très nombreuses œuvres appartenant à des domaines linguistiques variés, dans des éditions unilingues ou bilingues. La plupart des chefs-d'œuvre sont traduits, parfois même en plusieurs versions. Pourtant la situation n'est pas aussi idyllique qu'il y paraît. Madame de Staël disait déjà à propos de Tristram Shandy : mais Tristram Shandy de Sterne perd en français presque toute sa grâce (1968 : 49). Arno Schmidt, écrivain et traducteur de Cooper, considère que Tristram Shandy fait partie des dix plus grands livres écrits en langue anglaise (1966: 231). Après avoir lu les traductions de Bode et de Schmitz, il énumère une série de fautes dans celle de Schmitz, pour conclure : Kurzum : das Ganze taugt nichts... wie schôn es •wàre, wenn der endlich einmal ins Deutsche ùbersetzt \vurde (1966: 242). Dès lors que le lecteur s'interroge sur la qualité du texte traduit, il se cherche des procédures d'évaluation. Celles de Nida-Taber ont un fondement psycho-linguistique. Ils envisagent l'efficacité de la communication, définie comme une réception maximale du texte exigeant un effort minimal de décodage. La deuxième caractéristique d'une traduction parfaite est sa précision, c'est-à-dire le respect des intentions de l'auteur. Enfin, l'équivalence S 324 ANDRE DUSSART de réaction au texte observée chez les récepteurs en langue de départ et en langue d'arrivée importe également à leurs yeux. Au cours d'une de ses conférences, Nida expliquait que les traducteurs de la bible interrogeaient régulièrement les récepteurs du texte, afin d'en évaluer la qualité. Austin et Searle nommeraient ce dernier aspect la performativité du texte ou l'analyse de ses aspects illocutoire et perlocutoire. Mais ce type d'analyse est bien difficile à mettre enœuvre. Katharina Reifi (1971) se fonde sur une typologie dérivée de Biihler : elle distingue des inhaltsbetonte Texte, des formbetonte Texte et appellbetonte Texte. Les premiers ont une fonction représentativedescriptive , les seconds privilégient l'expression (ce sont les textes à vocation esthétique) et les derniers sont un appel au récepteur (elle vise ainsi la publicité et la propagande). Mais les fondements de cette critique, pour intéressants qu'ils soient, demeurent trop minces pour permettre une étude de fond. Encore faut-il s'entendre sur le but d'une évaluation de traduction. Le jugement du critique de presse, rédigé lors de la publication, découlera d'une simple lecture, parfois même d'un survol de l'œuvre. La critique universitaire représentera l'autre extrême : elle ne sera jamais assez fouillée et n'envisagera jamais toutes les dimensions du texte traduit. Une étude exhaustive peut donc durer des années. Entre ces extrêmes, il existe bien des niveaux de profondeur dans l'analyse. Il est également possible de limiter l'étude à un seul aspect syntaxique, lexical ou stylistique du texte. Contentons-nous de citer encore un cas, celui de l'éditeur consultant un expert avant de publier le travail d'un traducteur peu connu. Mais alors, comment évaluer la qualité d'une traduction : suffit-il qu'elle soit juste, même si elle est ennuyeuse à lire ? Et comment définir l'équivalence en matière de traduction et l'adéquation du texte à la situation de communication ? 1. L'ANALYSE D'UNE SEULE TRADUCTION La première méthode est la lecture du texte traduit sans référence à l'original, seule ressource de ceux qui ne maîtrisent pas ou pas suffisamment la langue de départ. Si des anomalies peuvent apparaître, s'il est possible de juger ainsi la cohérence du texte, sa cohésion et sa qualité stylistique, l'examen restera de toute évidence incomplet. Voici une phrase difficile à comprendre (La montagnemagique de Thomas Mann) : murmura... quelques mots d'où l'on pouvait déduire d'où venaient ces vers-là (483) [18.218.61.16] Project MUSE (2024-04-24 08:23 GMT) STYLISTIQUE COMPAREE 325 L'original est...

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