In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

CHAPITRE IV LES INTERPRETES DES DICTATEURS« These interpreters have a language of their own. We are completely in their hands. » (Staline a Eden, Moscou, 1943, tire de Birse, 1967 :144) 4.1. Introduction Les relations diplomatiques de 1'entre-deux-guerres furent marquees d'un cote par 1'experience multilaterale de la Societe des Nations (SON) et de 1'autre par les effets que la crise de la democratic liberate et la montee des totalitarismesengendrerent. Alors que la SDN s'efforgait de depasser le modele de diplomatic secrete jusque-l£ en vigueur, les relations bilaterales discretes revinrent a 1'ordre du jour avec les regimes totalitaires, dont les acteurs etaient frequemment les plus hauts dirigeants des Etats. Le renforcementprogressif du pouvoir executif , egalement applique a la politique exterieure, au detriment des deux autres pouvoirs, se traduisit par une augmentation parallele des conferences au sommet entre les chefs de gouvernement. Le manque de confiance de certains dirigeants envers leurs services diplomatiques les conduisit a se passer d'eux dans les negotiations individuelles. C'est le cas de Lloyd George et de Wilson, qui eclipserent respectivement Balfour et Lansing lors de la Conferencede Paris qui eut lieu en 1919. C'est aussi le cas de Staline et de Neville Chamberlain, dans la periode qui nous interesse (Dunn, 1996 : 10-11). Ainsi, 1'expression « interpretes des dictateurs » n'englobe pas seulement les mediateurs linguistiques « entre » les dictateurs, mais aussi ceux qui participerent aux relations entre les regimes totalitaires 176 NAISSANCE DE L'INTERPRETATION DE CONFERENCE et leurs interlocuteurs des democraties liberates et qui etaient souvent investis de pouvoirs exceptionnels. Ceux d'entre eux qui intervinrent dans ces rencontres au sommet se heurterent a des difficultes inexistantes dans les conferences Internationales habituelles. Leurs conditions de travail furent parfois extremes, car dans les negociations on discutait de questions comme 1'invasion d'un pays, une declarationde guerre ou le sort de millions de personnes qui se verraient affectees par le trace de certaines frontieres. En outre, du moins dans le cas des interpretes des dictateurs, leur carriere et meme leur vie pouvaient dependre d'un geste du donneur d'ordres. II semble done opportun de consacrer un chapitre aux interpretes qui evoluent dans ce que Wiskemann (1973) appelle « Europe of the Dictators ». 4.1.1. Les dictateurs En 1922, Mussolini dirigeait la premiere dictature fascisted'Europe. II resta au pouvoir pendant plus de vingt ans, jusqu'a sa defaite lors de la Seconde Guerre mondiale. Sous sa gouverne, la politique exterieure de 1'Italie etendit son empire en Afrique. Mussolini collabora egalement avec Hitler pendant la Seconde Guerre mondiale. En 1933, apres le putsch manque de 1923, Hitler prit le pouvoir en Allemagne et assuma des pouvoirs dictatoriaux jusqu'a sa mort, a la fin de la Seconde Guerre mondiale. Son expansionnisme politique et militaire provoqua la guerre et s'avera fondamentalpour les relations diplomatiques de son temps, du moins a partir de 1936. Staline, qui avait assume un role de moindre importance dans le parti bolchevique avant la revolution russe, fut nomme secretaire general du Comitecentral du parti en 1922, ce qui lui servit de tremplin pour s'octroyer des pouvoirs dictatoriaux apres la mort de Lenine en 1924.Bien qu'en 1939 il ait signe un pacte de non-agression avec Hitler, les forces allemandes envahirent 1'Union sovietique en 1941, ce qui propulsa son pays dans la Seconde Guerre mondiale aux cotes de la Grande-Bretagne, et plus tard, des Etats-Unis, deux pays avec lesquels il maintint des rapports etroits. Avant la signature de ce pacte, les relations de Staline avec 1'exterieur avaient ete tres limitees. Les dictatures tendent a 1'autosuffisance, quitte a sacrifier certains groupes sociaux dans leur propre pays et a tout mettre en ceuvre pour etendre leur « espace vital » hors des limites de leurs frontieres. Or, si les dons diplomatiques ne sont pas essentiels en la matiere, il est vrai qu'a certains moments les dictatures ont aussi besoin d'entretenir des [18.222.200.143] Project MUSE (2024-04-26 15:21 GMT) LES INTERPRETES DES DICTATEURS 177 relations politiques plus ou moins « normales » avec 1'exterieur. Hitler claqua la porte de la SDN en 1933, mais sa machine a propagande le poussa a des manoeuvres de diversion, tels les jeux Olympiques de 1936 ou les deploiements de la « fete du Parti» a Nuremberg, auxquels des dignitaires etrangers participerent. On peut, a propos de Mussolini, avancer peu ou prou les memes choses, dans une moindre...

Share