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CONCLUSION E rsonne qui achève ici de parcourir attentivement la matière de cet atlas historique des pratiques religieuses peut-elle mieux répondre à la question que nous avons posée au centre de ce vaste projet d'investigation ? Comment, pourquoi, à quel rythme la société québécoise s'est-elle constituée et a-t-elle subsisté en tant que société religieuse ? Le travail d'analyse à effectuer pour commencer à y voir plus clair rendait nécessaire l'adoption d'un point de vue spécifique qui engendre la perspective d'ensemble. Ce point de vue nous est fourni par une définition de la religion qui nous semble particulièrement bien ajustée à son objet, mais qui aura pu surprendre ou agacer des lecteurs habitués à assimiler la religion à une religion particuli ère, celle qui domine dans leur milieu, le plus souvent, ou au corps organisationnel qui semble donner sa distinction propre aux religions parmi les autres institutions, tout particulièrement dans l'Occident libéral où s'est instaurée la séparation entre Église et État. La religion est un ensemble de pratiques symboliques possédant sa structure propre qui met en relation des représentations générales et particulières du monde, des rituels permettant d'effectuer les transactions de phases dans les cycles de l'existence , ainsi que des règles constituant un code des conduites morales. Dans le catholicisme romain du XIXe siècle, ce système est impensable sans la présence d'agents qui monopolisent graduellement les fonctions de régulation et de contrôle, les prêtres, au détriment d'une indépendance relative des fidèles qui s'appuyait davantage auparavant sur l'autorégulation de la coutume, mais qui s'investira dans l'administration fabricienne ou les mouvements associatifs. Ces pratiques symboliques sont le fait de populations à décrire, à différencier. Elles requièrent une infrastructure spatiale, organisationnelle , matérielle et financière : la paroisse. D'où la place consacrée à toutes ces composantes de l'univers religieux. Des pratiques, mais pas toutes les pratiques L'atlas permet de découvrir et d'analyser la forme et l'évolution d'un certain nombre de pratiques symboliques, mais certainement pas de toutes. Il sera utile de rappeler ici l'effet de quelques contraintes. Les sources principales choisies, soit les séries documentaires provenant des visites épiscopales et des rapports pastoraux rédig és par les curés des 192 paroisses et missions , ne couvrent pas toute la période retenue pour examen puisque, mis à part le dossier démographique, elles ne nous fournissent des informations assez riches qu'à partir de 1839. Elles ne nous informent jamais, pour une année donnée, à propos de toutes les paroisses existantes et, pour une région entière, Saint-Hyacinthe, les archives deviennent largement muettes à partir de la fin des années 1850. Par ailleurs, compte tenu des intentions des évêques enquêteurs, beaucoup de champs d'expression de la religion des fidèles demeurent inexplorés. Compte tenu du défi que représentait déjà le traitement de la masse documentaire accessible, nous avons résisté à la tentation de l'exhaustivité et avons signalé fréquemment l'existence de travaux savants complémentaires ou plus informés sur certains thèmes. Le domaine du long terme plutôt que celui de l'efficacité immédiate Le champ des pratiques qui est le moins couvert est sûrement celui des pratiques coutumières qui obéissent aux motifs de l'efficacité immédiate (santé, prospérité économique, etc.). Il y a là un domaine de croyances et de rites dont nous soupçonnons qu'il demeurait aussi actif et permanent au début du XIXe siècle que les besoins fondamentaux de disposer de moyens adéquats pour faire face aux situations limites de l'existence auxquels il correspond. Un exemple typique en illustrera la conjonction avec le domaine des conduites religieuses qui est prioritaire dans l'agenda des pasteurs . À Sainte-Scholastique (#422), en 1838, les paroissiens, excédés par les maladies qui s'attaquent aux grains depuis quelques années, supplient leur curé de venir faire les prières nécessaires dans leurs champs pour les protéger. Ces prières figurent au Rituel et ne sont donc pas à ranger dans le domaine des superstitions pour les contemporains . Or, au printemps de cette année-là, la très grande majorité des communiants n...

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