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III. L'organisation du territoire ecclésiastique
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L'ORGANISATION DU TERRITOIRE ECCLÉSIASTIQUE FRANK W. REMIGGI ur le plan administratif, les paroisses catholiques du Québec devaient franchir traditionnellement trois étapes pour acquérir une existence pleinement légale. Le processus s'amorçait habituellement par l'ouverture des registres paroissiaux, tâche qui revenait en principe au premier curé résidant mais qui incombait souvent à un missionnaire itinérant ou à un desservant, c'est-à-dire un curé ou un vicaire en fonction dans une localité avoisinante. Les missions ainsi créées existaient «de fait, du consentement de l'autorité ecclésiatique qui pourvoyait] à leur desserte» en attendant qu'elles soient instituées formellement (ACAM :FF 186V-188R). Cela ne survenait qu'ultérieurement, quand l'évêque adoptait un décret d'érection canonique, lequel devait, «pour avoir son effet, être lu et publié pendant deux dimanches consécutifs au prône des églises ou chapelles des paroisses ou missions intéressées» (Mignault, 1893, p. 97). La paroisse était reconnue en dernière instance par le pouvoir civil. Selon Courville (1988, p. 3-4), cette procédure aurait été introduite au début du XVIIIe siècle, puis «relancée» en 1831 «pour fournir un cadre plus officiel à l'administration générale de la province» et aussi pour «officialiser [...] les limites de paroisses telles que définies par le décret d'érection canonique».Mignault (p. 82-115) précise que, pendant le XIXe siècle, la reconnaissance civile était sanctionnée par une proclamation du gouverneur ou du lieutenant-gouverneur qui agissaient normalement sur la recommandation de commissaires nommés par l'État après qu'une majorité des habitants francs-tenanciers eurent signé une requête en ce sens. Un système flexible Si le scénario esquissé ci-dessus résume bien le déroulement des événements dans une pluralité des paroisses étudiées, il ne faut pas cependant croire que ce développement tripartite était fixe et immuable. Par exemple, nous avons relevé 55circonscriptions où l'érection canonique a précédé l'ouverture des registres, et deux endroits où la paroisse a été homologuée par l'État avant d'être instituée par l'épiscopat. Ces cas d'exception sont peut-être encore plus nombreux si on considère les 38 entités pour lesquelles il a été impossible de déterminer de manière sûre la date d'ouverture des registres ou l'année de la reconnaissance civile. Sauf pour les missions amérindiennes , qui en raison de leur statut spécial ne pouvaient recevoir la consécration canonique et civile, on s'explique mal ces lacunes étant donné les prescriptions du droit paroissial en vigueur au Québec au siècle dernier (Mignault, op.cit.; Pouliot, 1919). Un processus qui s'accélère On notera par ailleurs que le temps requis pour compléter le cheminement a diminué Chapelle-presbytère de Saint-Clément-de-Beauharnois (#305), construite en 1818. 51 S L'ORGANISATION DU TERRITOIRE ECCLESIASTIQUE FRANK W. REMIGGI S ur Ie plan administratif, les paroisses catholiques du Quebec devaient franchir traditionnellement trois etapes pour acquerir une existence pleinement legale. Le processus s'amon;ait habituellement par l'ouverture des registres paroissiaux, tache qui revenait en principe au premier cure residant mais qui incombait souvent a un missionnaire itinerant ou a un desservant, c'est-a-dire un cure ou un vicaire en fonction dans une localite avoisinante. Les missions ainsi creees existaient «de fait, du consentement de l'autorite ecclesiatique qui pourvo[yaitj a leur desserte» en attendant qu'elles soient instituees formellement (ACAM: FF 186V-188R). Cela ne survenait qu'ulterieurement, quand l'eveque adoptait un decret d'erection canonique, lequel devait, «pour avoir son effet, etre lu et publie pendant deux dimanches consecutifs au prone des eglises ou chapelles des paroisses ou missions interessees» (Mignault, 1893, p. 97). La paroisse etait reconnue en derniere instance par Ie pouvoir civil. Selon Courville (1988, p. 3-4), cette procedure aurait He introduite au debut du XVIIIe siecle, puis «relancee» en 1831 «pour fournir un cadre plus officiel a l'administration generale de la province» et aussi pour «officialiser [oo.] les limites de paroisses telles que definies par Ie decret d'erection canonique». Mignault (p. 82-115) precise que, pendant Ie XIxe siecle, la reconnaissance civile etait sanctionnee par une proclamation du gouverneur ou du lieutenant-gouverneur qui agissaient normalement sur la recommandation de commissaires nommes par 1'Etat apres...