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CHAPITRE 7«LE MIFO», FRANCITÉ ET URBANITÉ Terminons cette série d'analyses monographiques en nous dirigeant du côté d'Orléans, dans l'Est ontarien. C'est à cet endroit qu'est situé le Mouvement d'implication francophone d'Orléans, appelé plus couramment le MIFO. Orléans chevauche deux municipalités, Gloucester et Cumberland, et se trouve à proximité d'Ottawa. Les francophones représentent un peu plus du tiers de la population. Le MIFO est né sensiblement au même moment que le centre culturel «Les trois p'tits points...». Il s'inscrit toutefois dans une conjoncture bien particulière. L'émergence du centre est étroitement liée au mouvement de migration qui a transformé Orléans en ville dortoir. Le Mouvement d'implication francophone d'Orléans s'est doté d'une structure organisationnelle fort complexe à l'int érieur de laquelle il planifie ses activités qui sont d'ordre communautaire et artistique. Le cheminement du regroupement reflète l'aspect créateur mais également conflictuel d'une institution moderne et francophone. Comment ces tensions se manifestent-elles plus spécifiquement? Dans quelle mesure le Mouvement d'implication francophone d'Orléans donnet -il un ton particulier au développement de la collectivité francophone d'Orléans1 ? La francophonie d'Orléans La localité d'Orléans est située à quelque 12 km de la ville d'Ottawa. La région avait été sillonnée par les explorateurs du XVIIe siècle et, en par- 162 ARTISANSDE LA MODERNITÉ ticulier, par Samuel de Champlain qui navigua sur la rivière des Outaouais en direction des régions plus nordiques pour descendre la rivière des Français, près de Sudbury, jusqu'à la Baie Géorgienne en Huronie. La région a ensuite été convoitée pour ses richesses naturelles dont l'exploitation a amené la naissance de postes de traite et de sites militaires. On commence à établir des installations permanentes dans la région au début du XIXe siècle avec le commerce du bois. On ouvre les premiers chantiers à Hull et Gatineau en 1800. Puis, en 1826, débute la construction du canal Rideau, qui ouvrait la voie maritime des Grands Lacs jusqu'au centre du pays. L'industrie du bois connaît toutefois une importante crise vers les années 1840, ce qui incite plusieurs travailleurs à se diriger dans l'Est ontarien pour pratiquer une agriculture de subsistance. C'est ainsi que des familles francophones vont s'établir dans la région et que leur établissement formera Orléans . Le développement de l'Est ontarien est étroitement lié aux œuvres de colonisation du clergé canadien-français du XIXe siècle. En 1849, l'évêque du diocèse de Bytown (diocèse d'Ottawa à partir de 1860) mit sur pied une société de colonisation, encourageant ainsi la migration de Canadiens fran- çais dans l'Outaouais. Ceux-ci arrivèrent des comtés de Vaudreuil, Soulanges, Terrebonne, Deux-Montagnes et Argenteuil . L'évêque ériga 43 paroisses et missions de même que différentes institutions d'éducation dans la région. Ses successeurs poursuivront son œuvre. Au courant des années 1850, le diocèse fonde une mission à Orléans; on y compte alors 90 familles. Peu après, la population est suffisamment nombreuse pour avoir sa propre église. C'est ainsi que, en 1860, on érige la paroisse Saint-Joseph d'Orléans. L'Église participe activement au développement de la collectivit é. La paroisse accueille plusieurs communautés religieuses. Celles-ci y établissent des résidences et des fermes pour desservir les communautés d'Ottawa. On y retrouve entre autres les Pères Oblats de Marie-Immaculée et les Sœurs Grises de la Croix. Certaines congrégations se sont dirigées plus particulièrement vers l'éducation. De façon générale, les congrégations religieuses ont contribué au renforcement de la présence religieuse dans la vie quotidienne des résidents de la localité. Ainsi, la collectivité s'organise en cette deuxième moitié du XIXe siècle. On ouvre un bureau de poste en 1860 et, la même année, un hôtel. On avait, quelques années plus tôt, construit une route, «laVieille 17», qui reliait Bytown à L'Orignal, chef-lieu des comtés de Prescott-Russell. Dix ans après la fondation de la paroisse on compte environ 300 familles canadiennes-françaises. On améliore le syst...

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