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CHAPITRE 6«LES TROIS P'TITS POINTS...», ENTRE LE THEATREET LA MUSIQUE Dirigeons-nous maintenant dans l'Est ontarien. Le centre culturel «Les trois p'tits points...» est situé à Alexandria, dans le comté de Glengarry. Il s'agit d'une région agricole dont Alexandria, malgré sa faible densité démographique , demeure le centre industriel. Les francophones y sont majoritaires . Le centre «Les trois p'tits points...» est né du mouvement d'animation culturelle qui a marqué l'Ontario français des années 1970. Il s'est donné surtout une vocation artistique. Regardons maintenant comment il a réagi aux diverses tensions qu'entraîné la modernité et, surtout, comment il se trouve à intervenir localement dans la création de l'identité collective propre à la francophonie d'Alexandria . La francophonie d'Alexandria L'établissement de colons dans les comtés de Glengarry et de Stormont remonte à la fin du XVIIIe siècle. Des Loyalistes de l'État de New York arriv és au moment de la guerre d'Indépendance des États-Unis, de même qu'un contingent d'Ecosse arrivé à Québec en 1786, se dirigent vers Glengarry2 . L'Est ontarien sert ainsi de terre d'accueil à différents groupes d'origine anglo-saxonne : Anglais, Irlandais et Écossais fraîchement débarqu és au Canada. Les débuts d'Alexandria remontent à 1819, alors qu'on y érige un moulin à farine afin d'alimenter les populations avoisinantes. Cette initiative est mise de l'avant par le curé de Saint-Raphaël, appelé plus tard à devenir évêque du diocèse d'Alexandria. Le moulin a longtemps 142 ARTISANS DE LA MODERNITÉ porté le nom gaélique de «Moulain an t'Saigart» pour ensuite être traduit en anglais par «Priests Mills» tout simplement3 . Quelques années plus tard, des commerçants y ouvrent des boutiques et un hôtel. Différentes usines viennent s'implanter à Alexandria à partir du milieu du XIXe siècle. Parmi celles-ci, mentionnons la compagnie Munro et Macintosh, qui a produit des milliers de voitures et de traîneaux durant ses cinquante années d'existence . Elle fit ses débuts en 1877. À son apogée, elle embauchait jusqu'à 300 personnes et fabriquait 6 000 voitures par année. Elle cesse ses activit és en 1929, supplantée par l'industrie de l'automobile . La compagnie J. L. Schell, spécialisée en menuiserie et en ébénisterie, a par ailleurs fonctionn é entre 1882 et 1932, l'année où elle fut détruite par les flammes-'. Elle laisse ses empreintes dans plusieurs édifices de la ville et chez des particuliers qui ont conservé différentes pièces produites localement. Les compagnies Schell, de même que Munro et Macintosh, constituaient à l'époque les principales sources d'emplois à Alexandria. La ville a développé durant ce temps les services nécessaires pour attirer différentes entreprises dans la région : voies ferroviaires et routières de communication, télécommunications , services d'eau, centrale électrique, construction d'églises et d'écoles, aménagement de commerces... La ville s'incorpore en 1884 et est érigée en municipalité en 1903. Les premiers Canadiens français à s'établir à Alexandria arrivent en 1880. Ils sont originaires de la région de Montréal et du Bas SaintLaurent et des comtés avoisinants de Prescott et Russell, dans l'Est ontarien . Certains sont attirés par le travail dans l'une ou l'autre des compagnies , et d'autres, par l'agriculture. Ils immigrent donc à un moment où l'activité sociale est déjà structurée. Ils doivent alors se tailler une place à l'intérieur d'une dynamique sociale établie avant leur arrivée. Ils ne s'int égreront pas à la vie urbaine telle qu'elle se dessine, mais chercheront plutôt à se doter de leurs propres institutions. Ils commencent d'abord par créer une paroisse. À leur arrivée, les francophones deviennent des paroissiens de l'église de langue anglaise St. Finnan's, la seule église catholique à Alexandria, érigée en 1833. Elle deviendra par la suite la cathédrale du nouveau diocèse d'Alexandria, érigé en 1890. Les écoles publiques et séparées, le couvent, de même que les écoles de rang, dispensent alors un enseignement en langue anglaise uniquement. Les paroissiens d'origine canadienne-française se sont donc mobilisés pour demander les services d'un prêtre francophone. La paroisse du SacréC œur est enfin érigée en 1909...

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