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les problemes de circulation en centre-ville. l’exemple de bordeaux depuis le xviiie siècle Jean Pierre Poussou Mots-clés: allées, boulevards, croissance urbaine, centre-ville, circulation, communication, embellissement, murailles, quadrilatère central, percée, plan de circulation, rocade, saturation, voirie, tramways. Contrairement à ce que l’on croit souvent, les difficultés de circulation et de communication des centres-villes n’ont pas attendu le XX° siècle: elles ont déjà été consid érables à l’époque où l’on ne circulait qu’à pied, à cheval, ou en charrettes, ce qui veut dire que les structures urbaines ont rarement été dimensionnées par rapport à la circulation. En fait, l’habitat et les structures de la voirie -hormis lors des créations de villes neuves – ont toujours précédé le développement de la population des villes et des trafics liés à la croissance et aux activités de celles-ci. Il s’y est ajouté régulièrement des difficultés entraînées par le relief, la présence de voies d’eau, ou la croissance anarchique de faubourgs; enfin, en France, à peu près partout la présence d’une enceinte fortifiée a apporté d’autres complications1 . On n’entre pas facilement dans une ville d’autrefois; parfois, on n’en sort que très malaisément2 . On ne s’y déplace pas de manière commode et les transports lourds ou fréquents – en gros tous ceux liés aux activités commerciales – y sont souvent difficiles. Déjà, au XVII° siècle, les 1 Commencée dans plusieurs villes gallo-romaines dès le III° siècle de notre ère, quand débutent les invasions barbares, la construction des murailles connaît un accroissement considérable après 1340, par suite de la guerre de Cent Ans. C’est pourquoi Jacques Le Goff a écrit: « la muraille fut la base matérielle de l’identité urbaine ». -Voir J. Le Goff et al., La ville médiévale, t. II de G. Duby dir., Histoire de la France urbaine, Paris, Le Seuil, 1980, p. 198 et sq. -On trouve un plan de cette ville gallo-romaine nouvellement fortifiée dans R. Etienne, Bordeaux Antique, t. I de l’Histoire de Bordeaux dirigée par Ch. Higounet, Bordeaux, Fédération Historique du Sud-Ouest, 1962, p. 206. 2 Les portes des villes sont fermées chaque soir; c’est encore le cas à Bordeaux à la veille de la Révolution française. 117 embarras de Paris ou de Londres sont fréquemment cités, et on retrouve de telles plaintes dès l’époque médiévale3 . Dans ce contexte, l’exemple de Bordeaux, qui est bien connu depuis le XVIII° siècle, peut faire figure de cas d’école4 . Depuis cette époque, en effet, deux questions fondamentales, étroitement liées, ont commandé l’évolution urbaine de la capitale girondine: la structure de son centre-ville, et les problèmes de circulation et de communication, aussi bien à l’intérieur de celui-ci qu’autour de ce coeur urbain. La structure du centre-ville bordelais reste commandée par le quadrilatère formé par la ville gallo-romaine du III° siècle après Jésus-Christ, encore très reconnaissable aujourd’hui sur les cartes, soit un ensemble dans lequel les rues sont très étroites et la circulation malaisée5 . La ville avait alors été réduite à 32 hectares; sa croissance à partir du milieu du Moyen Age a entraîné la naissance de faubourgs, puis des extensions urbaines. Au sud, jusqu’au XVIII° siècle, Bordeaux a bénéficié de son extension moyennâgeuse6 , les fossés ayant offert une voie de grande largeur qui constitue aujourd’hui le cours Victor Hugo; toujours au sud, entre cette première muraille et celles élevées à l’époque médiévale, la voirie est, au contraire, restée inorganisée, faite de rues mal tracées, nées au fur et à mesure de l’édification des maisons et autres édifices, et se prêtant mal à un trafic important, question qui, au demeurant, ne préoccupait visiblement pas trop les Bordelais, dans la mesure même 3 Les embarras de Paris et des autres villes importantes sont déjà sans cesse dénoncés et jugés insupportables dès la fin du Moyen Age. - Sur les rues à l’époque médiévale, leur étroitesse, le lacis complexe qu’elles reprèsentent (« un...

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