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250 a p p e n d i x A Lettres de la Mère Angélique Arnauld à Antoine Arnauld In the following letters Mère Angélique Arnauld counsels her brother Antoine on the dispositions to adopt during periods of persecution . The letters were written during two crises in his life: the campaign against his book On Frequent Communion in 1644 and the revocation of his doctorate of theology by the Sorbonne faculty in 1655. In these letters Mère Angélique analyzes the virtue of suffering for the truth. She also admonishes her brother to adopt a more charitable tone in his philosophical and theological polemics. The text of the letters is based on the print edition of Mère Ang élique’s correspondence: Mère Angélique Arnauld, Lettres, 3 vols. (Utrecht: Aux dépens de la Compagnie, 1742–44). The numbering of the letters follows the Utrecht edition. Punctuation and spelling have been modernized. no. 144 March 1644 Si vous pouviez voir, mon très cher Père, ce qui se passe dans mon coeur et dans mon esprit, vous connaîtriez que nuit et jour je me suis occupée de vous; et quoique ce ne soit pas sans de grands sentiments de tendresse et de douleur de notre séparation, néanmoins la vue que j’ai de la grande et singulière grâce que Dieu nous fait de souffrir pour la vérité essayant de servir les âmes qu’il a rachetées de son sang, surmonte tous mes sentiments; de sorte que je ne pense volontairement qu’au désir extrême et ardent que j’ai que vous souteniez cette tentation chrétiennement et saintement, afin que vous appreniez aux fidèles par votre persécution soutenue de la sorte, la pratique de la pénitence plus dignement que vous ne leur avez enseign ée la théorie par votre Livre. Je sais, mon très cher frère, que vous avez ce dessein, mais dans de si tempestueuses rencontres notre esprit se distrait souvent; et l’esprit malin qui est plus au guet que jamais pour nous ravir les fruits que peuvent produire de si rares Appendix A 251 et importantes occasions, essaie de nous diverter. Vous avez un bonheur que peu d’affligés ont, d’avoir des personnes qui veillent pour vous, dans toute l’étendue de la vraie charité, de sorte que vous n’avez qu’à prier Dieu, et à vous offrir sans cesse en sacrifice pour sa gloire et le bien de son Église. La divine providence a voulu que votre souffrance ait commencé en ces jours que l’Église célèbre celle de notre Seigneur Jésus-Christ: je dis commencé, parce que je ne vois pas quand elle finira. Mais plus elle sera longue, et plus vous serez heureux. Je serais trop contente si je pouvais vous accompagner et vous servir. Nous le serons toujours en esprit, avec plus d’affection que je ne vous puis exprimer . Toutes nos Soeurs vous en disent autant, non seulement les cinq,1 mais toutes les autres qui sont aussi touchées que nous et prient pour vous de tout leur coeur. Je suis votre fille, votre soeur, et votre mère. Que Notre Seigneur Jésus-Christ soit votre force, votre espérance, votre repos, et votre unique amour, et qu’il occupe entièrement votre esprit, le séparant de toutes les choses de la terre. Pardonnez à mon extrême affection. La Mère Agnès vous envoie deux petits Livres pour porter toujours sur vous, parce qu’elle craint que vous n’ayez pas toujours commodément un bréviaire; au moins vous en aurez la principale partie. Je vous conjure de prier le plus souvent que vous pourrez, et de demander à Dieu ma conversion. no. 146 April 1644 Je n’ose vous écrire, mon très bon Père, de crainte de vous importuner , encore que j’aie tous les jours le désir, pensant à vous incomparablement plus que je ne faisais lorsque j’avais le bien de vous voir tous les jours, et avec une affection plus sensible. Quoiqu’elle me tire souvent des larmes, je ne lasse pas d’avoir en même temps des sentiments de joie mêlés dans celui de la douleur que j’ai, considérant que vous êtes si heureux, non seulement de savoir, d’aimer et d’enseigner, mais de souffrir pour la v...

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