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Reviewed by:
  • Ego-histories of France and the Second World War: Writing Vichy ed. by Manuel Bragança and Fransiska Louwagie
  • Anaïs Fusaro
Ego-histories of France and the Second World War: Writing Vichy. Edited by Manuel Bragança and Fransiska Louwagie. (The Holocaust and its Contexts.) Cham: Palgrave Macmillan, 2018. 333 pp., ill.

Le présent ouvrage s'attache à recueillir les égo-histoires de quatorze universitaires venus de domaines d'étude hétéroclites, tels que l'histoire, la littérature, et plus globalement des cultural studies. Originaires de différents pays, ils entretiennent tous un rapport étroit et complexe avec l'histoire de France et de la Seconde Guerre mondiale en particulier. Cette publication fait suite à une conférence qui s'est tenue deux jours durant à Belfast en janvier 2015. Elle se compose d'une Introduction et d'une Conclusion rédigées par les organisateurs et se divise ensuite en cinq chapitres (composés de quatre à cinq récits) dont un [End Page 336] entretien avec Robert O. Paxton. Son but, tel qu'il est présenté en Introduction, est de définir les raisons qui auraient motivé les recherches de ces universitaires, en particulier de répondre à la question: dans quelle mesure votre expérience de la Seconde Guerre mondiale éclaire-t-elle la personne que vous êtes devenue aujourd'hui? La réponse des participants prend la forme d'égo-histoire, dont la définition utilisée ici reprend celle que Pierre Nora formule dans Essais d'égo-histoire en 1987—à savoir, 'un exercice [qui] consiste à éclairer sa propre histoire [...]. D'expliciter, en historien, le lien entre l'histoire qu'on a fait et l'histoire qui nous a faite' (cité p. 6). Les auteurs soulignent tour à tour les dangers de l'exercice: la tentation de l'auto-glorification ou, au contraire, de l'autocritique trop sévère. La nature même de l'exercice est périlleuse: comment écrire subjectivement sa propre histoire en ne disposant que de données subjectives (autrement dit, de sa mémoire)? Comment être le rapporteur objectif de soi-même? L'impossibilité de confronter les témoignages s'opposerait effectivement à l'écriture de l'histoire, dans la mesure où cette dernière serait le rapport objectif d'événements relevés par différents observateurs. Ces actes de conférence n'offrent pas de solution effective pour contrer ces difficultés (ce n'est pas là leur intention) mais ils présentent des auteurs conscients des limites liées au genre. Plaçant donc le sujet au centre de la connaissance historique, l'écriture de soi lorsqu'elle se fait égo-histoire, ouvre la porte de l'exploration des liens qui nouent le sujet à l'événement, donnant tout son sens à l'affirmation de Gérard Noiriel: 'le passé s'écrit toujours au présent' (cité p. 9). Bien plus qu'un simple exercice de style, l'égo-histoire révèle ici sa capacité unique à dénouer les fils des histoires pour découvrir un individu en dialogue avec l'histoire. Les égo-histoires de Laurent Douzou et Peter Tame mettent l'accent sur les changements méthodologiques qu'a subi leur recherche au fil des années (voir les contributions de Laurent Douzou et Peter Tame). Celles de Margaret K. Atack, Hilary Footitt et Christopher Lloyd viennent se compléter pour prouver qu'une compréhension de l'histoire, si elle veut être globale et authentique, gagne à multiplier les témoignages individuels. Ainsi, le 'portrait de groupe' qui nous est offert permet d'observer la composante subjective du discours historique et apporte une lumière nouvelle aux pratiques de l'histoire en leurs conférant une dimension collective—internationale au demeurant—à l'écriture de soi.

Anaïs Fusaro
University of St Andrews
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