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  • Morts avant de naître. La mort périnatale sous la dir. par Philippe Charrier, Gaëlle Clavandier, Vincent Gourdon et coll.
  • Andrée Rivard
Morts avant de naître. La mort périnatale Philippe Charrier, Gaëlle Clavandier, Vincent Gourdon, Catherine Rollet et Nathalie Sage Pranchère (dir.) Tours : Presses universitaires François-Rabelais, 2018, 444 p. 24,00 €

Ce livre fait suite au colloque international « Fœtus et mort-nés, gestion des corps, enregistrement, vécu familial », tenu les 11 et 12 juin 2015 au Musée des Confluences de Lyon (France), à l'instigation de Catherine Rollet, Vincent Gourdon, Nathalie Sage Pranchère, Gaëlle Clavandier et Philippe Charrier. L'ouvrage donne voix à une vingtaine de chercheurs et chercheuses issus de la sociologie, de la démographie, de l'histoire, de l'archéologie, de l'anthropologie et du droit, concernant la place des fœtus et des mort-nés en Europe (pour l'essentiel), de l'Antiquité à nos jours.

De manière originale, les maîtres d'œuvre ont choisi d'appréhender la question de la mort périnatale tant sous l'angle de ses processus matériels que sous celui des émotions. La visée est celle de la description et l'analyse de la situation des fœtus et mort-nés, du regard que portent sur eux les institutions religieuses, étatiques et hospitalières, et du vécu des mères et de leurs familles. Les dix-huit textes du livre, constituant autant de chapitres, ont été regroupés en trois parties : 1) enregistrement, statistiques et état civil ; 2) trajets des corps et sépultures ; 3) vécus familiaux et expériences professionnelles. Une introduction d'Isabelle Séguy (« Morts avant que d'être. Le paradoxe des fœtus et des mort-nés ») et une postface de Dominique Memmi complètent le tout.

D'hier à aujourd'hui, quel est le statut des fœtus et des mort-nés ? Quel accueil leur est réservé ? Quand a-t-on commencé à enregistrer les fausses couches et les mort-nés ? Qui sont les agents sociaux impliqués dans cette administration de la mort ? Quels sont le trajet et le devenir des corps selon les contextes ? Comment les parents vivent-ils une mort périnatale ? Quelles sont les évolutions récentes (reconnaissance sociale des enfants à naître, accueil des nouveau-nés atteints de troubles incurables, accompagnement des parents dans l'épreuve du deuil, etc.) ? Voilà des questions auquel tentent de répondre l'ouvrage, en mettant à profit des sources aussi variées que les autrices et auteurs eux-mêmes : témoignages archéologiques, registres civils et religieux, écrits du for privé (journaux, correspondance, récits d'accoucheurs, etc.), textes réglementaires et légaux, témoignages tirés de l'observation de cimetières actuels, et d'autres.

L'observation à travers les siècles et selon une variété d'horizons géographiques (Afrique romaine et monde grec de l'Antiquité, [End Page 226] France, Allemagne, Pays-Bas, Italie, Danemark, Norvège, Islande, Japon) montre l'effet déterminant des cultures et des sociétés sur la place et la prise en charge des fœtus et mort-nés. Un constat implacable est que les enfants morts « avant que d'être » (23) ne laissaient pas les vivants indifférents et ce, même aux époques de mortalité infantile élevée. Durant le 20e siècle, la place centrale accordée aux enfants – mais aussi les promesses engendrées par les progrès médicaux et l'importance accordée à la naissance dans la vie de couple – ont rendu intolérable la mort périnatale. La relation mère-mort-né, d'abord évitée, s'est transformée à la fin du siècle, entraînant un renouvellement des pratiques et l'invention de rituels d'apaisement pour les parents.

On saura gré aux maîtres d'œuvre de cette entreprise ainsi qu'aux auteurs et autrices d'avoir contribué à rendre visible une mort périnatale qui, chez les humanistes, était demeurée relativement peu explorée jusqu'ici. L'approche pluridisciplinaire ainsi que le croisement...

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