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  • Cartes postales, notes et lettres de Sigmund Freud à Paul Federn (1905–1938) trad. par Sigmund Freud et Benjamin Lévy, trans. par Christophe Woerle
  • Emmanuel Delille
Cartes postales, notes et lettres de Sigmund Freud à Paul Federn (1905–1938) Sigmund Freud et Benjamin Lévy (traduction), Christophe Woerle (transcription) Paris : Ithaque, 2018, 212 p., 18,00 €

Ce volume transcrit et présente 143 documents qui s'échelonnent de 1905 à 1938. Les lettres de Paul Federn (18711950) n'ayant pas été retrouvées, il s'agit surtout de la correspondance rédigée par Freud, qui se compose aussi bien de lettres, de cartes postales et de cartes de visite, que de billets de circonstance. On doit cette édition à un groupe de psychologues (Florian Houssier, Delphine Bonnichon, Adrien Blanc et Xanthie Vlachopoulou) qui signent une introduction collective. Il faut saluer la qualité du travail éditorial qui présente les deux psychanalystes sans hagiographie ni exagération de la place de Freud par rapport à ses contemporains. La carrière de Federn, de Vienne à New York, est résumée de manière sobre et instructive ; elle s'accompagne d'un ensemble de notices biographiques qui forment une véritable prosopographie, très utile pour l'histoire de la psychanalyse et l'étude de sa réception dans les milieux culturels autrichiens.

Paul Federn est un médecin viennois d'origine juive. Interniste de formation, il n'est pas psychiatre. Proche de Freud dès 1903–1904, psychanalyste de la première génération, il participera au cours de sa vie aux différentes sociétés et journaux créés pour diffuser la psychanalyse, prenant une part active à la Société psychanalytique de Vienne, dont il sera le vice-président dès 1924. D'une manière générale, il incarne une figure de collaborateur fidèle et dévoué, jusqu'à l'exil forcé en 1938 (Anschluss) et la mort de Freud. Différents thèmes ressortent de cette correspondance. Tout d'abord, il y a la figure du [End Page 208] disciple : en effet, Federn est un élève à qui Freud envoie des recommandations de traitement pour les patients qu'il ne peut pas soigner lui-même. Cette correspondance constitue donc une source inédite sur la technique psychothérapeutique de Freud, lequel a été bien moins dogmatique que certains de ses épigones : on le voit conseiller encore couramment le recours à l'hypnose, à la suggestion et aux psychothérapies brèves. Les différentes aventures éditoriales de Freud, revues ou maisons d'édition, forment aussi un thème important. Ensuite, il y a l'œuvre propre de Federn : par exemple, il cosigne avec Heinrich Meng (1887–1972) le premier manuel de vulgarisation de psychanalyse : Das psychoanalytische Volksbuch (1926). Certes, c'est un livre méconnu du lectorat francophone, mais en réalité il a certainement été plus lu dans l'entre-deux-guerres que L'Interprétation du rêve de Freud, livre épais et peu facile d'accès pour le grand public. Autre thème important, la prophylaxie des névroses au moyen d'une polyclinique à Vienne : l'Ambulatorium (1922). Moins connue que la polyclinique fondée un peu plus tard à Berlin-Tegel (1927), l'Ambulatorium a pourtant rencontré un grand succès. La correspondance échangée à cet égard nous informe que Freud parle d'argent sans pudeur et qu'il sait se montrer généreux pour soutenir à la fois les institutions psychanalytiques et ses amis. Enfin, « l'analyse profane » (c'est-à-dire le droit pour les non-médecins de pratiquer la psychanalyse) apparaît comme un véritable cheval de bataille de Freud ; dans une lettre datée du 27 mars 1926, il martèle sa position : « Tôt ou tard, le combat pour l'analyse profane devra être livré. Le plus tôt sera le mieux. Aussi longtemps que je vivrai, je m'opposerai à ce que la psychanalyse se fasse gober par la médecine » (123). On sait que les médecins se diviseront de par le monde à ce sujet.

Aujourd'hui, Federn est surtout connu pour ses écrits sur la psychologie du moi (ego psychology) et le traitement...

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