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Reviewed by:
  • Clio. Femmes, genre, histoire par Fabio Giomi et Ece Zerman, avec Rebecca Rogers
  • Claire Fredj
Fabio GIOMI et Ece ZERMAN, avec Rebecca Rogers (dir.), « Genre et espace (post-)ottoman », Clio. Femmes, genre, histoire, n° 48, 2018, 316 p.

La revue Clio propose, dans son dernier numéro de 2018, de « revisiter l'histoire du passage de l'Empire ottoman aux États balkaniques et turc en intégrant la perspective de genre », soulignant à quel point constructions nationales et « question des femmes » sont liées mais aussi combien l'histoire « des femmes » et la perspective « de genre » se situent au croisement des renouvellements historiographiques des histoires démographique, sociale et politique de ces territoires longtemps ottomans. Neuf articles, concernant la période 1870-1940, témoignent ainsi de ces nouvelles perspectives. Il s'agit d'abord, pour Edhem Eldem (« Le harem vu par le prince Salahaddin Efendi (1861-1915). Chercher les femmes dans une documentation masculine »), à partir de la source extraordinaire qu'est le journal du prince Salahaddin, fils de Murad V, brièvement sultan en 1876, de faire sortir de l'anonymat, autant que faire se peut, les femmes du harem impérial, de déceler les relations qui se déploient entre femmes, entre hommes et femmes, dans un des lieux les plus secrets du cœur de l'Empire. La figure d'Eleni Iliadis (1895-1975) (« Une artiste grecque ottomane dans l'Istanbul fin-de-siècle »), née à Istanbul, formée à Munich, soutenue par l'État ottoman qui lui permet d'exposer entre 1916 et 1918, puis partie en Grèce après l'échange de population en 1922, permet à Gizem Tongo de poser la question de la femme artiste dans la société ottomane du tournant des XIXe et XXe siècles, mais aussi d'interroger son absence de l'histoire culturelle turque « écrite par des hommes turcs ». L'analyse de « la question des femmes » dans la presse grecque d'Athènes, Istanbul et Smyrne que propose Haris Exertzoglou pour la période 1870-1922 (« La "question des femmes" durant la période grecque de transition (post)-ottomane ») montre–outre l'émergence d'un lectorat féminin–la manière dont biologie et nationalisme se mêlent pour construire l'image de la « femme grecque » idéale (non orientale), mère et épouse de plus en plus présentée comme devant être au service de la nation. Il montre aussi comment ces débats amènent à rendre visibles les femmes dans l'espace public, espace que, par ailleurs, elles investissent de plus en plus, et comment la frontière classique entre sphère privée-sphère publique tend à devenir poreuse. C'est aussi par l'étude de textes parus dans la presse entre 1921 et 1933 que Nevila Pahumi (« "Quel féminisme sera le nôtre ?" Repenser l'engagement des femmes dans l'Albanie post-ottomane ») s'intéresse au militantisme féminin dans l'Albanie récemment indépendante. Elle met notamment l'accent sur l'influence protestante, incarnée par les sœurs Kyrias, sur la multiplication des associations de femmes. Cela pallie jusqu'à un certain point, dans son rôle de formation, l'État post-ottoman, qui [End Page 177] peine à financer les écoles pour les filles. Nevila Pahumi met surtout l'accent sur l'association Shqiptarja qui promeut un certain nombre de réformes (lutte contre l'analphabétisme, hygiène…) et dont la revue propose plusieurs articles sur le rôle et les droits des femmes, multipliant les exemples de femmes émancipées chinoises, japonaises, états-uniennes, turques. Le féminisme politique y est rarement évoqué comme un horizon proche, au profit d'un engagement qui vise avant tout l'amélioration du statut social de la femme. L'auteure insiste sur la manière dont un discours féminin autonome se construit dans une Albanie présentée comme « un carrefour où se croisent des idées nombreuses », qui cherche à devenir une nation moderne dans l'entre-deux-guerres. Enfin, Sara Bernasconi (« Des médiatrices fragiles. Trajectoires des sages-femmes dans la Bosnie habsbourgeoise ») et Evguenia Davidova (« Les infirmières au service du nouvel État...

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