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Reviewed by:
  • La Véritable Histoire de la 'Belle Époque' by Dominique Kalifa
  • Edward Ousselin
La Véritable Histoire de la 'Belle Époque'. Par Dominique Kalifa. Paris: Fayard, 2018. 294 pp., ill.

S'il est clair que la Belle Époque prend fin en 1914, les historiens ne sont pas tous d'accord sur la date de ses débuts. Pour Dominique Kalifa, cette 'Belle Époque' (qu'il met volontairement entre guillemets) est circonscrite aux quinze premières années du vingtième siècle. Dans cet ouvrage original et iconoclastique, Kalifa réexamine la conception traditionnelle de cette période historique, à commencer par l'expression 'Belle Époque' ellemême, un chrononyme dont l'origine serait bien plus tardive que l'après-Première Guerre mondiale: 'À ces quelques exceptions près, il n'existe donc guère de "Belle Époque" dans les années 1920' (p. 57). Contrairement à ce que semble indiquer le titre, le but de ce livre n'est pas de dévoiler la 'véritable histoire' d'une époque déjà bien connue. Il s'agit plutôt de retracer comment elle a été progressivement instituée en période historique célèbre et digne de nostalgie: 'comprendre quand et pourquoi est née cette dénomination, analyser les usages qui en furent faits, les imaginaires multiples auxquels elle a donné naissance' (p. 16). Selon Kalifa, ces imaginaires ont surtout été élaborés, en raison de déterminants historiques variés, au cours de trois périodes importantes: les années 1930, l'occupation allemande et les années 1950. Kalifa ajoute trois 'inflexions' ultérieures aux façons de concevoir la Belle Époque: le début des années 1960, la fin des années 1970 et la fin du vingtième siècle. Comme on le voit, cette 'véritable histoire' n'est pas celle de la Belle Époque proprement dite, mais de l'évolution des 'principaux usages et [de] la signification de la période' (p. 171). L'affirmation la plus étonnante de ce livre, c'est que les 'années noires' (1940–45) constituent la véritable matrice de l'image traditionnelle de la Belle Époque. C'est durant une période de désolation et de pénuries, et en partie à des fins de propagande, que se serait forgée l'image d'une France ayant connu au début du siècle un moment privilégié de son histoire: la paix, des progrès scientifiques et économiques, de prestigieuses réalisations culturelles, mais aussi et peut-être surtout le triomphe d'un certain art de vivre, caractérisé par la gaieté et l'insouciance autant que par l'esprit. Or, cette image aurait également réussi à se perpétuer ou à s'accorder aux nouvelles circonstances après la fin de la Seconde Guerre mondiale: 'Née dans le Paris de l'Occupation où elle est mise au service de l'armée allemande, la "Belle Époque" n'a pourtant aucun mal à s'adapter au contexte de la Libération, qui lui reconnaît d'autres vertus' (p. 85). Kalifa décèle l'émergence puis les représentations de la Belle Époque en examinant une vaste gamme de productions et de pratiques culturelles. Le passage du music-hall au cinéma a été une étape décisive. Durant les années 1950, en particulier, la Belle Époque s'est épanouie sur les grands écrans: 'Le cinéma […] s'est en effet emparé de la Belle Époque au point d'en faire un quasi-genre, qui trouve vite les faveurs d'un immense public' (p. 125). Cette étude détaillée et quelque peu provocatrice est une contribution utile à l'histoire culturelle de la France au vingtième siècle.

Edward Ousselin
Western Washington University
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