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  • Le Parti québécois : d'un nationalisme à l'autre by Philippe Bernier Arcand
  • Eric Chevrette
Philippe Bernier Arcand, Le Parti québécois : d'un nationalisme à l'autre, Montréal, Poètes de brousse, 2015, 160 p.

Avec Le Parti québécois : d'un nationalisme à l'autre, Philippe Bernier Arcand propose un essai impressionniste qui caricature certaines positions et en polarise d'autres. Bernier Arcand se réclame lui-même d'une telle démarche, disant de son essai que « les rappels historiques qui le ponctuent cherchent à dresser un portrait, une caricature même, plutôt qu'à faire une véritable étude de l'histoire du Québec ». L'arrière-plan théorique nous est donné sporadiquement par quelques références en bas de page. Cela axe le texte non pas sur des citations (du reste peu nombreuses), mais sur la réflexion de l'auteur. Or, contrairement à ce que le titre de l'ouvrage pourrait laisser croire, le sujet principal est moins le Parti québécois que les différentes formes contemporaines du nationalisme.

À cet égard, la première section d'une cinquantaine de pages, intitulée « Les deux nationalismes », parle en fin de compte assez peu du PQ. Bernier Arcand s'affaire plutôt à dresser un portrait historique des changements politiques et sociaux survenus à travers le monde durant le XXe siècle. Il aurait sans doute été intéressant de soutenir ce propos à l'aide de quelques références théoriques ou de renforcer les liens analytiques pour mieux mettre de l'avant l'originalité de sa réflexion. Il est certes question de deux formes de nationalisme—traditionnel et moderne (lequel se décline lui-même en deux phases)—, formes qui lui permettront par la suite d'articuler les différentes phases de l'évolution du PQ. Toutefois, ce portrait historique ratisse large tant sur le plan sociopolitique que géographique, si bien que le lecteur a plutôt l'impression de lire une liste d'événements historiques majeurs, sans pour autant saisir leur pertinence directe avec la fondation et l'évolution du PQ. Cela participe sans doute du « devoir d'inventaire » auquel s'invite Bernier Arcand en avant-propos (expression dérivée du « droit d'inventaire » lancé par Lionel Jospin en 1995 après les deux mandats du président français François Mitterrand). Si Bernier Arcand s'attarde autant aux différents courants politiques depuis l'après-guerre, c'est pour montrer que le [End Page 170] Québec, loin d'évoluer en vase clos, est influencé par les changements mondiaux, qu'ils soient sociaux, politiques, philosophiques ou culturels. Le nationalisme québécois n'échappant pas à son époque, aussi est-il normal que le PQ, parti ayant le projet d'indépendance en son cœur, ait suivi une trajectoire en phase avec les grandes tendances idéologiques des démocraties contemporaines.

Cette première section se clôt sur une exploration de l'ADN du PQ—une expression qui reviendra à plusieurs reprises à travers l'ouvrage, particulièrement pour dire de telle position politique, économique ou sociale qu'elle va à l'encontre de cet ADN. Ce noyau constitutif socialdémocrate et progressiste (dont il est de bon ton de dire qu'il s'agit d'une coalition gauche-droite) s'inscrit bien d'abord dans les tendances idéologiques des années 1970. Si la référence à l'ADN relève forcément de l'image en pareil contexte, elle peut paraître malheureuse pour parler d'un parti politique que Bernier Arcand décrit essentiellement comme multiforme et branché sur les mouvances sociopolitiques contemporaines.

La deuxième section de l'ouvrage, intitulée « Le retour de la Grande Noirceur », continue dans cette veine en abordant certains côtés moins reluisants du PQ, mentionnant des événements ou des positions qui contrediraient cet ADN. Les questions d'identité, de langue, d'immigration et de laïcité sont tour à tour brièvement explorées, avec une attention particulière portée au projet de Charte de la laïcité. Cette Charte « a peu à voir avec les valeurs pr...

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