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Reviewed by:
  • Lomer Gouin, entre libéralisme et nationalisme by Mathieu Pontbriand
  • Sarah-émilie Plante
Mathieu Pontbriand, Lomer Gouin, entre libéralisme et nationalisme, Québec, Presses de l'Université Laval, coll. Autour de l'événement, 2016, 134 p.

Dans cet ouvrage tiré de son mémoire de maîtrise, Mathieu Pontbriand présente les résultats de ses recherches sur la pensée libérale de Lomer Gouin. Premier ministre du Québec entre 1905 et 1920, sa présence à la tête du gouvernement augure une première période de stabilité au pouvoir provincial. Cette continuité offre à l'historien l'occasion d'observer l'évolution du discours de l'homme politique à travers le temps. L'auteur pose dès les premières pages la pertinence de revisiter la pensée politique du premier ministre. Si son allégeance politique le rattache d'emblée au parti Libéral, le libéralisme de Gouin est largement méconnu. Faute d'étude attentive et soucieuse d'en relever les variations dans le temps, il a été affublé de toutes sortes d'étiquettes—tour à tour radical, conservateur, progressiste—lorsqu'il n'a pas été relégué dans l'orbite de la pensée de ses illustres prédécesseurs. Pontbriand en appelle donc à une réinterprétation en proposant un examen soutenu de la pensée de Lomer Gouin, qu'il situe parmi les éléments modérés de la grande nébuleuse du libéralisme. Pontbriand identifie des éléments qui ont pu créer des interférences dans les représentations de Gouin que se sont faites les historiens. [End Page 164]

Un autre aspect du livre est également susceptible d'intéresser les membres de la communauté historienne : ses sources. Si la présence de Gouin ne se révèle que de manière indirecte dans les études et monographies, l'auteur a su contourner les lacunes de l'historiographie en tirant profit de nombreux documents d'époque. En effet, la démonstration est appuyée par un inventaire diversifié de journaux et des débats reconstitués de l'Assemblée législative, dont plusieurs extraits émaillent le texte. Il est toutefois dommage que Pontbriand ne consigne aucune mention relative au dépouillement ou au traitement de ses sources. La lectrice que je suis aurait aimé connaître la méthode de consultation ainsi que les choix et partis pris qui ont orienté la démarche de l'historien. La thèse de l'ouvrage telle qu'annoncée en introduction est intéressante, car complexe et nuancée. L'auteur y avance l'idée selon laquelle la pensée du premier ministre est fondamentalement pragmatique. S'adonnant peu aux grands discours idéologiques, le futur premier ministre entre 1897 et 1912 est un rouge modéré. L'auteur évoque quelques incursions du côté d'un libéralisme plus progressiste, parfois même plus radical. Puis, sa pensée porte la marque de la pratique du pouvoir, où se conjuguent l'adaptation des politiques aux grands changements de fond qui s'annoncent et un souci constant de maintenir l'ordre établi. Deux sources principales alimentent son libéralisme de manière constante, soit la propriété et le développement de l'individu.

Le premier chapitre se distingue par le fait qu'il s'attarde à une période chronologique, allant de 1897 à 1912. L'auteur fait la cartographie des réseaux politiques dans lesquels s'inscrit Lomer Gouin. Se révèle ici la diversité des milieux où évolue le jeune avocat, qui côtoie tour à tour libéraux radicaux et ultramontains. Son mariage avec la fille d'Honoré Mercier et ses premières expériences en politique le placent éventuellement dans le giron du parti Libéral. Ce premier chapitre, bien qu'il tente de surmonter les problèmes posés par la rareté des sources disponibles, a de quoi nous confondre. L'auteur fait un effort louable en dressant un portrait complet des multiples relations entre les acteurs de la scène politique et des points de rencontre des idées, mais leur inventaire, sans pousser plus avant l...

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