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Reviewed by:
  • Passion chronique by Jean-François Crépeau
  • Michel Lord
Jean-François Crépeau, Passion chronique, Trois-Pistoles, Éditions Trois-Pistoles, coll. Écrire, 2016, 173 p.

Comme son titre l'indique bien, Jean-François Crépeau a la passion de la chronique, et il se fait fort de nous expliquer dans cet essai comment il s'y est pris pour en écrire des centaines et pourquoi ça l'a autant passionné. En plus de 40 ans, il est passé des hebdomadaires Le Richelieu (en 1976) et Le Canada français (en 1979) à la revue Lettres québécoises (en 2002), avant de prendre sa retraite de LQ (le nouveau nom de Lettres québécoises) en 2016, tout en continuant encore aujourd'hui à tenir sa chronique au Canada français, fier de travailler pour un des plus vieux hebdos du Québec, fondé en 1860. Entre temps, il aura cessé d'enseigner « en 2005, la maladie [l'ayant] contraint à quitter [s]on travail de professeur au collégial ». En se lançant dans la carrière de chroniqueur au milieu des années 1970, il prend personnellement « l'engagement [d'être] au service des mots des auteurs et des écrivains de chez nous » et déplore le fait que ce « métier, plus qu'une profession […] est en voie de disparition, celui de journaliste littéraire dans un hebdo régional ». Il évoque ses lectures de l'époque et ses modèles, lui qui était—comme beaucoup de jeunes gens de notre génération d'ailleurs—« un lecteur assidu des pages culturelles des revues françaises comme celles du Figaro où sévissait François Mauriac », dont les fameux « Blocs-Notes » ont constitué une véritable école d'écriture pour nous tous, sans doute happy few québécois et fort heureux de l'être. Et il y aura ceux d'ici, « les Gilles Marcotte […], Madeleine Ouellette-Michalska […] et d'autres critiques [qui] ont été des modèles dont [il] voulai[t] inconsciemment suivre les traces ». Il y aura eu surtout Jean Éthier-Blais, « ce remarquable pédagogue qui [lui] a enseigné à McGill », dont on se rappelle qu'il a longtemps tenu une importante chronique littéraire au Devoir. Au cours de ces années de formation, il acquiert la ferme conviction « qu'on n'est pas critique littéraire du jour au lendemain, [mais] qu'on le devient progressivement, un livre à la fois ». Et des livres il y en aura, lui qui « estime avoir lu près de 5 000 ouvrages en 40 ans de chroniques ». Mais longtemps, pour recevoir [End Page 149] des services de presse, il a dû se battre pour contrer « une forme de protectionnisme urbain, Montréal et Québec se considérant comme les seuls maîtres de l'information littéraire», lui qui devait s'« assurer [que les maisons d'éditions] n'oublient pas le lointain chroniqueur [qu'il] étai[t] », car, travaillant depuis Saint-Jean-sur-le-Richelieu, il devait vivre avec le fait que « la presse régionale, même située à 30 minutes du centre-ville de Montréal, passait généralement […] sous les radars des attachées de presse ». Mais avec le temps, les choses s'améliorent, car il note que « pendant ces années fastes que furent les années 1980 et 1990, [il a] reçu en moyenne un livre par jour». C'était là le fruit d'un travail constant, car il s'était acharné à créer des contacts avec les éditeurs en leur envoyant personnellement—n'étant jamais remunéré pour ce travail—une copie de ses chroniques hebdomadaires et en allant aux lancements, aux salons du livres à travers le Québec. Cela tout en enseignant au secondaire puis au cégep jusqu'en 2005.

Chemin faisant, ses modèles changent. Il apprécie Aurélien Boivin—qui propose un modèle d'analyse qui lui convient dans la revue Québec français—et d'autres « observateurs et analystes du corpus littéraire québécois [dont] Hans-Jürgen Greif, André Brochu, Lise Gauvin, Jacques Pelletier ». Il évoque avec émotion son arrivée à Lettres québ...

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