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  • Les antiféminismes : analyse d'un discours réactionnaire dir. by de Diane Lamoureux et Francis Dupuis-Déri
  • Christina Chung
Les antiféminismes : analyse d'un discours réactionnaire, s. la dir. de Diane Lamoureux et Francis Dupuis-Déri, Montréal, Éditions du remue-ménage, coll. Observation de l'antiféminisme, 2015, 180 p., 21,95$

Cet ouvrage collectif codirigé par Diane Lamoureux et Francis DupuisDéri comporte huit chapitres qui proposent d'analyser des discours antiféministes qui ont toujours accompagné toute l'histoire du féminisme. À partir des trois principales thèses argumentatives développées par Albert Hirschman, les discours étudiés ont recours à au moins une d'entre elles : la thèse de la mise en péril où le féminisme est considéré menaçant face à l'ordre divin et naturel, la thèse de l'inanité où le féminisme ne parviendrait jamais à transformer les hommes et les femmes, et enfin la thèse de l'effet pervers qui soutient que le féminisme est nuisible pour les femmes elles-mêmes. Dès l'introduction, il est clair que cet ouvrage a des visées à la fois intellectuelles et militantes, encourageant une meilleure compréhension de l'antiféminisme et soutenant le combat contre celui-ci.

Dans le premier chapitre, Sidonie Verhaeghe discute du traitement de Louise Michel, l'une des femmes associées à la première vague du féminisme au XIXe siècle. Les recherches de Verhaeghe montrent que les rapports écrits au sujet de Louise Michel la traitaient de folle ou d'hystérique afin de rendre sa parole illégitime, lui refusant ainsi l'accès au politique. Cette stratégie d'exclusion constitue le discours antiféministe énoncé par des hommes qui craignent la perte de leurs privilèges à la suite de l'influence de la parole émancipatrice de Louise Michel. Verhaeghe se penche également sur d'autres stratégies des discours antiféministes, [End Page 141] telles la critique de la féminité « pervertie », la valorisation de la féminité conventionnelle et la rhétorique de défense de l'ordre social sexué. Outre l'antiféminisme, le protomasculinisme est aussi une conception qui a pour but de faire taire le féminisme ou, de manière plus générale, les revendications d'émancipation.

Julie Abbou s'intéresse quant à elle à huit textes écrits ou traduits en français, publiés en ligne entre 2008 et 2011, qui ont tous le même but, celui de défendre l'ordre civilisationnel et l'ordre moral. Abbou remarque judicieusement que les huit textes dénoncent le féminisme comme étant un totalitarisme, une dégénérescence, mensonger, dépassé et violent, voire haineux. Trois de ces huit textes comparent le féminisme au nazisme qui, selon Abbou, est une stratégie antiféministe mettant le féminisme au centre en tant que dominant et les antiféministes en marge. Ainsi, l'antiféminisme est valorisé, tout comme l'antinazisme ou l'antifascisme.

Dans son chapitre intitulé « Les féministes n'ont pas d'humour », Jérôme Cotte met en avant un antiféminisme « ordinaire » qui est présent surtout dans l'humour, la blague, la caricature et le comique. Cotte affirme que cette forme d'antiféminisme « doit sa banalité à l'ancienneté des préjugés hostiles aux femmes » et que l'utilisation de l'humour sexiste a pour but de renforcer les privilèges masculins. D'ailleurs, l'humour serait une stratégie utile pour dissimuler les propos antiféministes des hommes. Face à ce phénomène, les féministes, interviewées par Cotte dans le présent chapitre, invitent d'autres militantes à modifier leurs manières de rire ; il faut avant tout reconnaître le sexisme dans l'humour. Mieux encore, la distance ou le silence, en tant que « prise de parole négative », sont des moyens de contester les discours antiféministes.

À son tour, Francine Descarries réfléchit à l'antiféminisme en tant qu'expression sociopolitique du sexisme et de la misogynie. Elle fait ressortir trois techniques qui font partie de la rhétorique...

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