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Reviewed by:
  • L'expression du désir au féminin dans quatre romans québécois contemporains by Catherine Dussault Frenette
  • Christina Chung
Catherine Dussault Frenette, L'expression du désir au féminin dans quatre romans québécois contemporains, Montréal, Nota bene, 2015, 170 p., 22,95$.

Cet ouvrage propose d'étudier la représentation du désir au féminin à l'adolescence dans quatre textes écrits au lendemain de la révolution féministe au Québec. À la lumière de la théorie de l'agentivité sexuelle, des scripts sexuels et de la notion de genre, Catherine Dussault Frenette analyse ces quatre romans dans le but de déterminer si les personnages féminins se conforment aux prescriptions normatives du désir et de la sexualité ou si elles les transgressent afin d'affirmer leur agentivité.

Dans le premier chapitre consacré au roman d'Anne Hébert, Les fous de Bassan (1982), la domination masculine est mise en évidence alors que le désir féminin est représenté de manière ambiguë. L'imaginaire des deux adolescentes, Nora et Olivia, fortement marqué par les contes de fées, les incite à adopter une attitude passive face à l'objet de désir, Stevens Brown, puisque ce dernier incarne la figure du prince qui pourrait les rendre « entières ». De plus, le désir qu'elles ressentent entraîne, selon Dussault Frenette, un « effet pervers » étant donné qu'il s'agit d'un désir de reconnaissance, un désir d'être objet de désir. L'analyse de ce roman illustre ainsi l'impossibilité de l'agentivité sexuelle des adolescentes en raison du refus de Stevens Brown de participer à cette reconnaissance. Enfin, Dussault Frenette conclut que la négation du désir féminin et l'absence de reconnaissance peuvent mener à l'agression sexuelle et à la violence, d'où le meurtre des deux jeunes filles.

Par contraste, le chapitre suivant traite de la reconfiguration des scripts sexuels effectuée à partir du personnage de la Grande Sauterelle, une Métisse, et de Jack Waterman dans le roman de Jacques Poulin, Volks-wagen blues (1984). Dussault Frenette souligne que la parole échangée entre les deux protagonistes, notamment au sujet de l'identité nord-américaine, constitue la reconnaissance de l'autre. De fait, une vision égalitaire des rapports entre les sexes est présentée ostensiblement. Contrairement à la [End Page 139] domination masculine et à la passivité féminine chez Hébert, Jacques Poulin renverse les rôles sexués de ses personnages : la Grande Sauterelle est masculine et fait preuve d'agentivité à la fois discursive et sexuelle, tandis que Jack a un tempérament féminisé. Dussault Frenette estime alors que la masculinité du personnage féminin « permet de penser la libération du désir féminin » et que la reconnaissance mutuelle entre les deux protagonistes est nécessaire à l'expression du désir.

S'ensuit un chapitre sur l'étude de la honte du désir féminin dans le roman d'Élise Turcotte, L'île de la Merci (1997). Selon l'analyse de Dussault Frenette, le discours dominant soumet les personnages féminins à la position de victime d'agression masculine ou à celle de tentatrice. Bien qu'Hélène, le personnage principal, fasse preuve d'agentivité, d'abord en tentant de redéfinir son identité sexuée, puis en pénétrant dans un club de boxe, lieu réservé aux hommes, et enfin en posant son regard sur le corps des boxeurs, son désir provoque en elle un sentiment de honte car « le corps féminin doit rester pur, sans désir ». Sa relation avec Thomas prend également fin étant donné que sa honte liée au désir rend l'expérience « déstabilisante » et « traumatisante ». En guise de conclusion, Dussault Frenette affirme que le « désir féminin demeure subordonné à une volonté masculine » puisqu'il est lui-même une lutte constante entre la subjectivité du personnage et les scénarios dominants qui le manipulent, tel le sentiment de honte entourant la sexualité.

Le dernier roman à l'étude, La petite fille qui aimait trop les allumettes (1998) de Gaétan...

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