Abstract

Résumé:

Au cours de la première moitié du XVIIe siècle, il n'est pas rare de voir le discours prophétique mis au service de la propagande politique. Diverses figures féminines assument parfois ce discours, notamment dans le cadre d'une dizaine de pamphlets dont les auteurs – sans nul doute des rédacteurs ou polémistes de métier – font parler des sibylles françaises qui, entre 1602 et 1652, se prononcent, par exemple, sur certains événements de la régence de Marie, comme le projet de mariage du dauphin avec l'infante d'Espagne. Transposition « moderne » des figures sibyllines antiques, les signataires de ces Sibyllefrançoise et Cassandre françoise demeurent abstraites mais néanmoins « genrées », parce la persona discursive qui est présentée se réclame d'une longue tradition de prophétie au féminin. À travers le travail de ventriloquie que donnent à voir ces textes, l'Autre qu'est la femme trouve une voix peu personnalisée mais retentissante dont la visée est d'influencer l'opinion publique en tablant sur l'autorité de la parole sibylline. D'une manière oblique et plutôt discrète, ces voix de femmes, certainement modulées par des auteurs masculins, ont ainsi contribué à valider et à étendre le champ discursif associé au féminin dans le contexte de la première modernité.

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