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  • L'Asile de Hanwell. Un modèle utopique dans l'histoire de la psychiatrie anglaise ? par Laurence Dubois
  • Benjamin Lévy
L'Asile de Hanwell. Un modèle utopique dans l'histoire de la psychiatrie anglaise ? Laurence Dubois Paris : Presses Sorbonne Nouvelle, 2017, 320 p., 25,50 €

En 1839, le docteur John Connolly (1794–1866) devint directeur médical de l'asile de Hanwell, situé dans la banlieue proche de Londres. La vulgate historique a retenu qu'au cours des 13 années où il occupa ce poste, il sut transformer cette institution en un centre modèle d'où rayonna la pratique du no-restraint, impliquant l'absence de contention des malades. Grâce à Connolly, cette pratique fut en effet érigée au rang d'« orthodoxie psychiatrique » (p. 27) dans le Royaume-Uni des années 1850.

Laurence Dubois, auteure de L'Asile de Hanwell. Un modèle utopique dans l'histoire de la psychiatrie anglaise ?, a elle-même travaillé en tant qu'enseignante dans une structure de soins-études en psychiatrie avant de devenir maîtresse de conférences en civilisation britannique. Cet ouvrage est issu de sa thèse de doctorat. L'important travail de recherches archivistiques qu'elle a réalisé pour préparer cette thèse lui permet de présenter un propos tout en finesse : aussi loin d'idéaliser Connolly que de s'attaquer à son portrait en homme providentiel, elle resitue son action dans le contexte de l'époque, et en montre la portée aussi bien que les limites.

Après une introduction consacrée à des questions historiographiques, la première partie présente le contexte de la prise en charge des aliénés en Angleterre, au 19e siècle. L'auteure met ainsi en relief le parcours atypique de John Connolly par rapport aux médecins de son temps, et indique les sources d'inspiration dans lesquelles il puisa pour élaborer son projet en tant que directeur de l'asile de Hanwell.

La deuxième partie du livre nous donne à voir le fonctionnement de Hanwell, en décrivant plus précisément les loisirs et les festivités organisées au sein de l'institution. C'est l'occasion pour le lecteur de découvrir la vie de l'asile, avec ses menues joies aussi bien que ses grands événements. Laurence Dubois parvient à nous intéresser au sort des pensionnaires, tout comme à l'importance des décisions prises par le conseil d'administration : l'organisation des sorties et des fêtes de fin d'année, ainsi que les modalités de visites des proches gagnent toute leur importance à la lumière du dispositif de soin dans lequel ils s'intègrent.

Dans la continuité directe de la section précédente, la troisième partie s'attache à décrire la mise en place, puis la suppression, d'un [End Page 462] programme d'enseignement à Hanwell. Laurence Dubois décrit alors les controverses à propos de l'éducation des patients. Elle montre que les modalités de recrutement du personnel de l'asile – enseignants et aumôniers tout particulièrement – sont révélatrices d'une véritable politique institutionnelle, qui fait l'objet d'un contrôle de la part d'observateurs extérieurs, les commissionners in lunacy.

Une quatrième et dernière partie illustre les liens entre les réformes prônées par Connolly et le contexte politique de son action. L'adoption du no-restraint, l'élaboration du traitement moral à l'anglaise (moral management) tout comme la transformation de Hanwell en un asile modèle sont décrites, preuves documentaires à l'appui, comme les corrélats – dans le champ de la santé mentale – de l'owénisme, un mouvement socialiste utopique fondé par Robert Owen. Laurence Dubois s'interroge toutefois sur les limites de cette utopie, et décrit la façon dont elle périclita avec la massification de la prise en charge des « aliénés » vers la fin du 19e siècle.

Le simple résumé des parties de l'ouvrage ne suffit pourtant pas à lui rendre justice. L'intérêt majeur de ce livre consiste...

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