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  • Organiser les marchés agricoles. Le temps des fondateurs by Alain Chatriot, Edgar Leblanc et Édouard Lynch
  • Antoine de Raymond
Alain CHATRIOT, Edgar LEBLANC et Édouard LYNCH, (dir.), Organiser les marchés agricoles. Le temps des fondateurs, Paris, Armand Colin, « Recherches », 2012, 288 p.

L'ouvrage constitue le prolongement d'un colloque tenu en 2012, organisé à la fois par des historiens et des agents du ministère de l'Agriculture. L'événement s'inscrivait dans une série de trois colloques portant sur l'histoire de la régulation des marchés agricoles et des politiques agricoles, chacun d'entre eux correspondant à une période historique précise : 1930-1960 (période d'émergence de la régulation des marchés), 1960-1980 (mise en place de la Politique agricole commune (PAC) et processus d'intégration européenne), de 1980 à nos jours (réformes de la PAC et libéralisation des marchés agricoles internationaux). Cette série de rencontres résultait de la convergence de deux projets : d'une part, celui d'historiens souhaitant rendre visibles des recherches et en susciter de nouvelles sur l'organisation des marchés agricoles et la coopération agricole, qu'ils considéraient comme insuffisamment présentes dans l'historiographie du monde rural, et, d'autre part, celui d'agents souhaitant inventorier, classer et valoriser les archives des offices agricoles avec la mise en place d'un comité d'histoire.

Ce livre, qui réunit les contributions présentées lors du premier colloque de 2012, éclaire des pans encore méconnus de l'histoire des offices. Les éléments les plus connus de cette histoire sont rappelés en introduction : création de l'Office du blé par Georges Monnet en 1936, émergence d'une politique volontariste de régulation des marchés agricoles par une action sur les quantités et les prix menée conjointement par l'État et la profession agricole. La première partie replace le moment singulier de 1936 dans une histoire longue, à travers les marchés agricoles depuis l'Ancien Régime et, pour ce qui est des années 1930 elles-mêmes, dans une perspective internationale. Les contributions de Steven Kaplan et Fritz Georg von Graevenitz déconstruisent ainsi la vision d'une rupture complète, spécifique à la France, qu'aurait permise la victoire du Front populaire. La deuxième partie de l'ouvrage replace le cas du blé, première expérience « réussie » de mise en place d'un office, dans un contexte plus large d'expériences régulatrices menées pour d'autres productions, telles que le vin, la viande ou le lait. Les contributions de Nicolas Delbaere, Jean-Marc Bagnol et Sylvain Leteux donnent à voir la diversité des solutions explorées, les tâtonnements des pouvoirs publics et les effets systémiques induits par les régulations sectorielles. La troisième partie (Stéphane Lembré, Martin Baptiste, Mélanie Atrux, David Bensoussan) porte sur les acteurs, qu'ils soient issus de l'administration ou du monde agricole. La création de l'Office du blé est en effet habituellement vue comme le moment d'irruption de l'État dans la gestion des affaires agricoles, en raison notamment des vigoureuses campagnes de dénonciation dont il fit l'objet. L'étude des trajectoires des acteurs de l'Office, au niveau national [End Page 192] comme au niveau local, permet de questionner l'étatisation des marchés agricoles et le rejet du principe de l'Office par les milieux agrariens et corporatistes. Elle met en exergue des formes de continuité avec des logiques préexistantes, de même que des stratégies d'entrisme de la part des milieux conservateurs, avec des cas de divergence complète entre les discours publics de dénonciation et les pratiques de participation à l'Office. La dernière partie, avec les contributions de Fabrice Grenard, Roger Barralis et Anne-Marie Frénehard, s'intéresse au destin de l'Office pendant et après la guerre. L'institution devient l'Office national interprofessionnel des céréales (ONIC) en novembre 1940. Le régime de Vichy, bien que soutenu, m...

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