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Reviewed by:
  • Réguler L'économie :Perspectives Françaises
  • Clotilde Druelle-Korn
Jean-Philippe DUMAS, L'État, moteur du progrès. Le ministère du Commerce et de l'Industrie, 1870-1914, Paris, Comité pour l'histoire économique et financière de la France-IGPDE, « Études générales », 2016, 350 p.

Le système gouvernemental français se caractérise par une inventivité déconcertante en matière de découpages et d'appellations de ses départements ministériels, lesquels répondent davantage à des combinaisons politiques et aux circonstances du moment qu'à une réflexion de long terme sur le contenu des attributions. Il a fallu du temps à la République pour qu'elle accorde en 1881 un ministère de plein exercice au Commerce. À cette date, il est délesté de l'Agriculture et, pour un temps seulement, des Colonies. L'Industrie, implicitement incluse dans le Commerce, est officiellement inscrite dans l'intitulé en 1886. Quant au Travail, il s'en émancipe en 1906 sous la pression des questions sociales.

Cette géométrie variable ne rend pas aisée l'histoire du ministère du Commerce et de l'Industrie entre 1870 et août 1914. La République chercha à se démarquer du libéralisme façon Second Empire, à renforcer l'économie au sens large et à promouvoir la production en particulier. Ce faisant, elle ne put éviter de prendre position sur les revendications des travailleurs. C'est donc à une administration composite, marquée par la faiblesse de ses moyens humains et de son budget, aux prises avec des questions économiques et sociales passant dans le débat public que s'attache l'ouvrage de Jean-Philippe Dumas. Par sa formation de chartiste et d'historien, et ses fonctions de conservateur en chef du patrimoine auprès du ministère des Affaires étrangères, l'auteur est à l'aise pour guider les lecteurs dans les arcanes d'un ministère fondamental et mésestimé, placé au bas de la hiérarchie gouvernementale. [End Page 189]

La première partie offre en une quarantaine de pages un tableau des institutions du Commerce à toutes les échelles. Il est précédé d'un rappel sur l'évolution de ce département et d'une présentation du projet porté par Gambetta. Le changement d'échelle des chapitres 2 et 3 permet de mettre en évidence le rôle des préfets et des collectivités locales, d'une part, celui des chambres de commerce et les projets régionaux, d'autre part. Les refontes successives de l'administration centrale et la création de bureaux traduisent les nouvelles missions d'un département au rôle jugé plus technique que politique, alors même que le Commerce est au cœur du débat sur le réformisme social culminant en 1899, avec la nomination du socialiste Alexandre Millerand. En dépit de sa brièveté, cette première partie, heureusement accompagnée de notes abondantes, permet au lecteur d'avoir à l'esprit l'architecture des institutions du Commerce, tant publiques, nationales et locales que semi-privées, à l'instar des chambres de commerce. Un regret : que ces institutions consulaires ne soient pas plus longuement évoquées, alors que la loi du 9 avril 1898 en fait des établissements publics portant les intérêts commerciaux et industriels de leur circonscription, tant auprès du ministre que des préfets. Devenues des partenaires privilégiés, mais incommodes, du Commerce, dotées de ressources liées aux centimes additionnels consulaires, elles ont été en mesure de constituer des engrenages du progrès dans les territoires, comme l'ont montré les travaux de Philippe Lacombrade.

La deuxième partie a trait à l'action économique du Commerce en matière de douane, de commerce intérieur, d'information commerciale et d'exposition, d'industrie et d'enseignement technique qui lui est alors rattaché. L'auteur insiste à juste raison sur la difficulté pour le ministre du Commerce de conduire la politique douanière, pris en tenaille entre les nécessités fiscales et l'outil de politique économique et de protection façonné par ces droits. De fait, le Commerce laisse...

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