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  • Sports et loisirs. Une histoire des origines à nos jours by Laurent Turcot
  • Yacine Tajri
Sports et loisirs. Une histoire des origines à nos jours Laurent Turcot Paris: Éditions Gallimard, 2016, 680 p., 11,20€

C'est dans un ouvrage dense que Laurent Turcot, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en histoire des loisirs et des divertissements, historien moderniste et notamment spécialiste de la culture urbaine, se propose d'effectuer une grande synthèse autour de l'histoire des sports et des loisirs. Commençant aux « origines », avec les premières traces mésopotamiennes, jusqu'au mitan des années 2010, différentes pratiques sont présentées avec soin tout en les replaçant dans un contexte sociohistorique de production. Entre continuités et ruptures, l'auteur retrace cette évolution culturelle – en Occident – dans une collections'adressant à un large public. Même si l'ouvrage gagne à être lu de manière transversale, le lecteur intéressé par une pratique ou une période pourra rapidement se faire un avis sur la question. Sept chapitres structurent l'ouvrage reprenant les époques classiques de l'histoire (des origines à la Grèce antique, la Rome antique, l'époque médiévale, la Renaissance, l'époque moderne, le 19e siècle, et les 20e et 21e siècles), auxquels nous pouvons ajouter les index des noms et des sports et loisirs. Les références en fin d'ouvrage sont, elles aussi, précises et nombreuses.

Dès l'introduction, Turcot se positionne quant à la définition de la notion de « sport » dont il admet une acception large en l'utilisant tout au long du livre. À première vue, cette utilisation peut prêter à interrogations en se référant notamment aux analyses développées par exemple par N. Elias1 ou à la définition d'A. Guttmann2, qui sont bien évidemment rappelées en introduction. La question reste la même pour la notion de « loisir ». J. Dumazedier soutient que les loisirs apparaissent avec la Révolution industrielle. Pour lui, les modifications que subit le travail permettent le développement du temps libre en augmentant la productivité3. Seulement, si ces pratiques sont produites par le 19e siècle dans un contexte singulier, pourquoi ces notions de « sports » et de « loisirs » sont-elles usitées dès les origines? Les débats sont succinctement posés par l'auteur qui justifie ses choix de définition et s'appuie sur le sens commun. Sans trancher définitivement, l'historien rappelle que « la société contemporaine invente les sports, mais sans aucune génération spontanée » (p. 15). Ainsi, sous le même vocable, les notions de « sports » et de « loisirs » peuvent englober, dans l'ouvrage, aussi bien la gymnastique sous la Grèce antique (p. 43), la tauromachie [End Page 231] (p. 226), ou les tournois de chevaliers (p. 245), que diverses pratiques alimentaires ou le football. Dès lors, pour chaque période, les définitions des sports et des loisirs sont reprécisées avec les représentations et les pratiques de l'époque en question. Si l'auteur ne dit pas qu'il y a une affiliation directe entre toutes ces pratiques corporelles et de loisirs qui se sont succédées, il voit cependant des racines communes, des éléments qui parfois résistent au temps et esquissent les fondements de ce que l'on peut connaître aujourd'hui.

Turcot tient à démontrer que le Moyen Âge et l'époque moderne ne sont pas qu'un « vaste désert » caractérisé par une absence de loisirs. Même s'il est vrai que les ecclésiastiques tendent à les réprouver, « les hommes et les femmes jouent, se divertissent, s'exercent et s'amusent » (p. 260). Entre la Renaissance et le 19e siècle, l'évolution de ces passe-temps est imputable tant aux transformations commerciales (surtout autour de villes phares comme Londres et Paris) qu'à la désacralisation du temps. Pour l'illustrer, l'auteur s'appuie sur des pratiques variées comme la fauconnerie, les joutes, les jeux de société ou encore la boxe...

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