Abstract

Résumé:

L'effacement de l'Avenir dû à la crise de l'idée de Progrès et la requalification du passé en patrimoine depuis les années 1980 ont accompagné l'ascension d'une nouvelle valeur : la Mémoire. L'histoire positiviste se méfiait de la mémoire collective. Sa réhabilitation comme source de la connaissance historique est venue de « minorités » (peuples colonisés, classes populaires, etc..) désireuses d'échapper à la domination idéologique des classes dirigeantes. Le succès des Lieux de Mémoire de Pierre Nora marque l'adhésion du monde savant ainsi que du grand public à cette vision à la fois patrimoniale et critique de notre relation au passé. Car cette adhésion est ambivalente. Le grand public parcourt l'ouvrage avec émotion comme un album de photos de famille. Les historiens y voient un biais pour remplacer l'ambition de construire un savoir objectif par celle d'un exercice personnel d'écriture.

Pierre Nora avait remis à l'honneur les idées de Maurice Halbwachs sur la mémoire collective pour penser les représentations politiques. Chaque époque remanie son imaginaire national. Ce qu'on appelle l'histoire nationale n'est que l'addition de ces remaniements successifs. Mais si l'historien aspire à être plus qu'un simple fabuliste, il doit s'interroger sur les processus sociaux qui ont produit nos récits nationaux. Il doit questionner cette mémoire accumulée, non se borner à la réciter.

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