In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

Reviewed by:
  • Les Manuels épistolographiques français entre traditions et normes par Sybille Grosse
  • Benoît Melançon
Les Manuels épistolographiques français entre traditions et normes. Par Sybille Grosse. (Linguistique historique, 8.) Paris: Honoré Champion, 2017. 417 pp.

Depuis les années 1980, plusieurs spécialistes ont travaillé sur les manuels épistolaires. Sybille Grosse préfère l’épithète épistolographiques, car celle-ci mettrait ‘plus en valeur le fait que les [End Page 307] manuels se consacrent à l’instruction de la rédaction d’une lettre’ (p. 22). Après avoir repéré un millier de recueils ‘contenant des descriptions et des préceptes généraux de rédaction épistolaire ainsi qu’un lot de modèles de lettres’ (p. 15), dont 350 à 400 premières éditions, Grosse en étudie 158, du seizième au vingt-et-unième siècle, minutieusement décrits en bibliographie. Son approche, ‘linguistique et diachronique’ (p. 13), est double. Dans un premier temps, la ‘tradition discursive’ des manuels est présentée chronologiquement, d’abord les artes dictandi du Moyen Âge (chapitre 4), puis les ‘livres épistolographiques’ (p. 241) du seizième siècle à 2012 (chapitre 5): le ‘copiage’ étant ‘fréquent’ entre les arts de la correspondance, secrétaires, traités ou guides (p. 343), les ouvrages sont précisément contrastés. Grosse se concentre sur leurs descriptions et préceptes, sans analyser leurs modèles de lettres. Des auteurs sont commentés longuement: Érasme, Gabriel Chappuys, Jean Puget de La Serre, Ortigue de Vaumorière, Jean Léonor Le Gallois de Grimarest, René Milleran, Louis Philipon de La Madelaine, Henri Bescherelle, Armand Dunois, Paul Persan, Édouard Sommer, Anna et Jean-Claude Robine. Au cours des siècles, on se détache de ‘la “tutelle” rhétorique’ (p. 271), puis des usages imposés par la Cour, avant d’en arriver, au dix-neuvième siècle, à une ‘écriture épistolaire fonctionnelle et utilitaire’ (p. 235). Dans un deuxième temps est proposée une réflexion sur la norme épistolaire prescrite par les manuels et sur sa permanence transhistorique (chapitre 6). Cette norme porte sur un nombre limité de questions récurrentes (la clarté, la division de la lettre en parties et la transition entre elles, les modes de l’adresse et de la politesse). Comme ‘les auteurs tendent à dissimuler leur orientation prescriptive’ (p. 340), Grosse se doit d’être attentive au moindre détail de leur énonciation (choix lexicaux et pronominaux, temps verbaux, etc.): cet ‘inventaire formel du discours normatif ’ (p. 359) est sans conteste la partie la plus neuve de son travail. L’ouvrage est toutefois décevant sur deux plans. D’une part, le deuxième chapitre, ‘Approche méthodologique et théorique’, contient plusieurs remarques byzantines et assez obscures sur les débats actuels en linguistique textuelle et historique, mais il y a plus grave: à l’exception des pages sur ‘le discours normatif ’ (pp. 61–70), le contenu de ce chapitre n’est pas repris par la suite. Ce qui avait peut-être sa place dans la thèse d’habilitation (Université de Potsdam) dont est tiré ce livre ne l’a pas ici. D’autre part, sur le plan formel, les problèmes sont considérables: la typographie est peu soignée et elle ne correspond pas aux pratiques françaises (guillemets, apostrophes, italiques, majuscules, crochets); la ponctuation est très hésitante; les coquilles sont nombreuses, tout particulièrement dans les citations; toutes les citations en langue étrangè re ne sont pas traduites en français; l’index est incomplet; la normalisation est déficiente (Moyen Âge et Moyen-Âge, comtesse et Comtesse, Mont Cassin et Mont-Cassin, par ex. et par exemple, etc.). Sur ces deux plans, le travail éditorial laisse à désirer.

Benoît Melançon
Université de Montréal
...

pdf

Share