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  • Le Graal dans les pays de langue allemande par Danielle Buschinger
  • Leonardo Hincapié
Le Graal dans les pays de langue allemande. Par Danielle Buschinger. (Essais sur le Moyen Âge, 61.) Paris: Honoré Champion, 2017. 327 pp.

On pourrait croire que le mythe du Graal, cet ‘objet de la plus belle des quêtes’ (p. 7), né au Moyen Âge, a tellement fait couler d’encre que difficilement un autre écrit, une autre analyse, une nouvelle approche arriveraient à nous intéresser. Mais on peut se tromper et, heureusement, c’est le cas avec le nouveau livre de Danielle Buschinger. Après son Tristan allemand (Paris: Honoré Champion, 2013), l’auteure nous offre une nouvelle composition: elle recense et analyse toutes les versions en allemand qui, dans le sillage de Chrétien de Troyes et ses continuateurs ou dans celui de Wolfram von Eschenbach, traitent d’une manière centrale ou périphérique du thème du Graal. Buschinger ne se contente pas seulement d’examiner des œuvres littéraires; elle inclut aussi dans son étude l’iconographie et la production musicale (Richard Wagner), et tout cela du Moyen Âge jusqu’au temps présent. Son but ambitieux est finalement bien atteint. Dans ses analyses, l’auteure nous montre sa perspicacité, son regard affûté, sa capacité à nous faire comprendre la structure complexe des textes. Une des caractéristiques les plus stimulantes de sa lecture est précisément son approche polyvalente. En effet, ses analyses sont réalisées à partir de domaines différents: elle donne une description détaillée des manuscrits, explique la structure des textes, nous parle de la technique narrative de certaines œuvres, a recours parfois à une analyse thématique, évoque des interprétations duméziliennes et, dans le cas de Parzival de Von Eschenbach, elle s’attaque même, d’un point de vue comparatiste, aux risques d’une psycho-critique. Tous ces angles d’analyse constituent la richesse des critiques de son étude. Buschinger donne à Von Eschenbach une place centrale, et pour cause. C’est à partir de lui que la plupart des auteurs postérieurs en langue allemande se sont livrés à des adaptations, des amplifications, des créations. Elle nous offre en plus, grâce à ce balayage distinct et vaste, des analyses d’écrivains et de textes, peu ou pas connus dans l’aire francophone, qui se sont intéressés au mythe du Graal. C’est le cas, par exemple, d’Albrecht ou de Le Concours de chant de la Wartburg. Bien que le souci d’exhaustivité puisse montrer la grande érudition et le sérieux de l’étude de Buschinger, ses observations se dispersent parfois et l’on perd de vue le sujet central, comme c’est le cas dans son long résumé de La Couronne (Heinrich von dem Türlin), où le Graal tarde à venir. Enfin, cette nouvelle étude nous convainc de l’importance et de l’actualité du thème du Graal. Même après des siècles d’adaptations et de lectures, cet ‘objet mystérieux entre tous’ (p. 289) ne finit pas de nous surprendre.

Leonardo Hincapié
Paris
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