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Reviewed by:
  • Critique et médium: xxexxie siècles ed. by Ivanne Rialland
  • Jeff Barda
Critique et médium: xxexxie siècles. Sous la direction d’Ivanne Rialland. (Génétiques.) Paris: CNRS, 2016. 366pp., ill.

Que fait le médium à la critique? Et inversement? Cet ouvrage stimulant se propose de répondre à ces questions en prenant le contre-pied de l’approche critique ‘immanente’ en interrogeant les différents systèmes médiologiques où se déploie la critique d’art, et leurs impacts dans la réception et l’évaluation d’une œuvre. L’ouvrage emprunte les outils des sciences de l’information, de la sociocritique ou de la génétique, et offre une étude synchronique (xxe et xxie siècles) des dynamiques mises à jour entre médium et critique. Six sections questionnent l’organisation matérielle des supports, leurs rôles institutionnels et la manière dont la parole critique s’y confronte. Dans la première section, la revue est étudiée comme un médium jouant un rôle dans la construction et défense des valeurs esthétiques nouvelles (Claire Popineau), dans l’élaboration d’un style iconoclaste (Jennifer Cazenave) ou comme l’indice d’un double discours critique (Guillaume Louet). La deuxième section questionne les contraintes entre discours et support dans la grande presse: Florence Huybrechts identifie dans la critique musicale une tension entre esthétique et idéologie; Christophe Meurée et Guillaume Willem montrent comment l’entretien d’écrivain joue le rôle de vecteur de patrimonisation dans la littérature contemporaine; et Laurence van Nuijs revient sur l’œuvre de Bernard Franck, étudiant le transfert et la variation du discours critique et ses différentes formes d’apparitions. La troisième section s’intéresse aux interférences entre livre et critique. Le présumé statut objectif de la monographie est questionné au travers de pratiques frôlant le factuel et le fictionnel (Marie Gaboriaud). Se penchant sur une, dédiée à Henri-Cartier Bresson, Jean-Pierre Montier décèle un programme éditorial et un dispositif de présentation ambiguë. Thomas Golsenne, enfin, note une distinction entre livre d’art et essai critique qui révèle des contraintes et choix décisifs pour les historiens de l’art. Dans la quatrième section, le travail de l’édition critique est étudié par Eddie Breuil; David Martens et Mathilde Labbé identifient les contraintes externes d’un nouveau modèle critique dans les collections conjuguant l’essai biographique ou critique; enfin, Ivanne Rialland discerne l’intentionnalité diverse et les tensions entre les acteurs et la manière dont cette dernière impacte la maquette des collections. Les deux dernières sections s’intéressent aux formes de la critique à la radio, à la télévision et sur internet. Céline Pardo analyse comment les portraits radio-phoniques produisent des images mentales de l’écrivain; Sylvie Ducas examine la scénographie de la représentation auctoriale à la télévision des lauréats de prix littéraires, montrant comment celle-ci génère une désacralisation de la fonction symbolique de l’écrivain. Internet donne naissance à la ‘critique participative’ (Étienne Candel) où tout un chacun peut désormais chroniquer un livre, ce qui donne naissance à un conflit d’autorité et de légitimité (Marie-Ève Thérenty). Cet ouvrage est un outil heuristique et précieux — complétant les recherches anglo-saxonnes (les comparative textual media) — pour comprendre les interactions et les contraintes entre discours et support. On reprochera peut-être à l’ouvrage de ne pas suffisamment insister sur l’apport cognitif de ces médiums, aux technologies d’écriture et intellectuelle prescrites par eux et aux formes de vie mises en œuvre. [End Page 139]

Jeff Barda
Murray Edwards College, Cambridge
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