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  • Risques et Regrets : Les Dangers de l’écriture épistolaire par Geneviève De Viveiros, Margot Irvine et Karin Schwerdtner
  • Frédérique Chevillot
De Viveiros, Geneviève, Margot Irvine et Karin Schwerdtner, directrices. Risques et Regrets : Les Dangers de l’écriture épistolaire. Les Éditions Nota Bene, 2015. ISBN : 978-2-89518-506-2. $26.95 (Paper).

Risques et regrets : Les Dangers de l’écriture épistolaire réunit huit essais d’analyse critique également divisés entre des textes d’authentique correspondance, et d’autres « issus de l’épistolaire » plutôt que purement épistolaires — j’y reviendrai — une authentique « lettre » toutefois fictive adressée à « Mon amour » et un entretien (très réel) avec la directrice d’une collection de lettres, plutôt littéraires, des plus inédites. Un tel éclectisme pourrait nuire à l’ensemble, mais tel n’est pas le cas. Au contraire, car c’est bien l’attirance plurielle et diversement interprétée par les auteur.e.s de l’époque moderne dont les textes (et films) sont ici étudiés que le principe de « la lettre de correspondance » opère. C’est bien entendu dans leur introduction que les trois co-directrices du volume établissent la fine cohérence de l’ensemble :

le présent ouvrage se propose, d’une part, de montrer l’intérêt et la vitalité de l’écriture épistolaire à l’époque moderne et contemporaine (depuis la fin du XIXe siècle), aussi risquée que soit cette pratique d’écriture, et, d’autre part, d’interroger la manière dont la lettre traduit ou rend sensibles le risque et le regret, depuis une époque où se sont développés les médias et l’intérêt pour les documents privés de l’écrivain.

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Font suite à une introduction accueillante et récapitulative de l’ensemble, quatre grandes parties. En préambule, « La dernière lettre » de Martine Delvaux, fictivement adressée à son ancien partenaire de vie, est une méditation poétique sur le principe de la « lettre », sur l’écriture littéraire et sur le risque du regret en écriture : « La lettre est un dispositif de l’amour et un dispositif de la littérature en tant qu’elle ressemble au rapport amoureux. En ce sens, le couple épistolaire est l’hypostase du couple auteur-lecteur, amoureux dont la rencontre est forcément, essentiellement, un échec » (34). Cette « dernière » lettre restera lettre morte.

La deuxième partie, intitulée « La correspondance interpersonnelle — les lettres d’exil », s’interroge sur les lettres très authentiques d’Emile Zola en exil et de Camille Claudel en asile psychiatrique. Dans les deux cas, il s’agit d’épîtres [End Page 194] douloureux en quête d’un écho. Les essais de Geneviève de Viveiros sur Zola et d’Anna Norris sur Claudel sont les seuls à s’interroger sur une écriture épistolaire à part entière, c’est-à-dire sans qu’aucun degré d’interprétation artistique ne s’y impose — si ce n’est le fait que les deux individus aient aussi été artistes : l’un romancier, l’autre sculptrice.

La troisième partie du collectif, qui a pour titre « Entre la correspondance interpersonnelle et la correspondance à sens unique », offre une sorte de passerelle entre la véritable lettre de correspondance et sa dramatisation dans la fiction. Mark Lee se propose d’analyser la correspondance d’Amélie Nothomb dans tous ses états : dans le réel de sa vie d’auteure et à travers ses nombreuses fictions. Par ailleurs, dans un essai explorant l’étonnante correspondance d’Emmanuel Carrère avec Jean-Claude Romand, un réel imposteur et meurtrier incarcéré pour ses crimes, Tara Collington explore la manière dont la première et très réelle lettre de Carrère à l’assassin déclenche chez le romancier un insatiable désir de recréer des lettres fictives qui pourraient expliciter l’impénétrable des crimes de Romand.

Enfin, dans la quatrième partie, au titre de « La Correspondance à sens unique — lettres anonymes, fantomatiques, ouvertes et intérieures », sont réunis quatre essais d’analyse littéraire et filmique. Evelyne Ledoux-Beaugrand...

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