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Reviewed by:
  • A People's History of Modern Europe par William A. Pelz
  • Monica Martinat
Pelz, William A.–A People's History of Modern Europe, Londres, PlutoPress, 2016, 273 p.

Depuis quelques années, nous assistons à une reprise intéressante d'une histoire « par en bas » qui reprend un langage et des thèmes plutôt chers à l'historiographie des années 1970 et 1980. En France par exemple, après la réédition en 2012 de son ouvrage majeur, La formation de la classe ouvrière anglaise (« Points », Seuil), un consortium d'éditeurs (EHESS, Gallimard, Seuil) a traduit en 2015 le volume d'essais d'Edward P. Thompson paru en anglais en 1991. En 2016, les éditions La Découverte ont publié le livre de Michelle Zancarini Fournel, « Les luttes et les rêves ». Une histoire populaire de la France de 1685 à nos jours ; et on attend dans le courant de 2017 un livre qui devrait également faire référence à l'histoire populaire dans son titre, de la part de Gérard Noiriel. Le volume de William A. Pelz s'inscrit dans ce mouvement, animé par des historien.nes militant.es qui ne font pas mystère de leurs affections politiques et de leurs filiations intellectuelles. L'auteur se propose de fournir aux lecteurs une vision de l'histoire européenne alternative à celle produite par la plupart des manuels et des synthèses existants. Alternative du point de vue de la chronologie retenue–du Moyen-Âge et de son écroulement jusqu'au seuil du XXIe siècle–et du point de vue de la perspective, puisqu'il s'agit de souligner le rôle du common people dans les processus historiques. La citation du célèbre poème de Brecht, « Questions que se pose un ouvrier qui lit », accompagne la présentation de la perspective choisie et souligne la volonté de l'auteur de raconter une histoire nécessaire, celle des travailleurs (working people). L'introduction signale les difficultés d'une telle histoire et les biais susceptibles d'affecter la reconstruction de toute histoire : la présence des sources, leur accessibilité et la sélection opérée par l'historien.ne, naturellement, mais aussi les biais relevant des options intellectuelles et idéologiques des auteur.es : la classe, le genre et la race, l'idéologie elle-même et une approche dominée par la conscience des résultats de l'histoire sur la longue période. C'est [End Page 473] l'occasion pour l'auteur de préciser aussi sa dépendance envers une bibliographie fondamentalement orientée par des sources anglaises, allemandes et françaises.

Les seize chapitres dont le livre est formé, écrits selon un même schéma implicite prenant en compte les différents protagonistes « populaires » des épisodes historiques retenus–des paragraphes consacrés aux femmes et à leur rôle terminent par exemple chaque chapitre–, nous proposent une balade rapide, plutôt agréable à lire, qui sélectionne néanmoins les sujets en fonction de la visibilité du common people dans la production de l'histoire. Ainsi, le chapitre consacré aux Réformes protestantes fait une grande place aux anabaptistes et il est suivi par un chapitre consacré aux crises du XVIIe siècle centré sur les révoltes et les révolutions–notamment celle qui mena à l'indépendance des Provinces-Unies, ainsi que les révolutions anglaises. Les chapitres quatre à six sont consacrés aux révolutions qui ouvrent le monde contemporain : la Révolution Française, la « révolution industrielle », les expériences de 1848 et de 1870-1871. L'apparition des syndicats et des partis socialistes occupe le chapitre sept, suivi par la Grande Guerre, la Révolution russe, la montée du fascisme dans les années 1920, la Deuxième Guerre mondiale et les exterminations de masse, l'aprèsguerre, la guerre froide aboutissant à la construction du mur de Berlin qui ouvre un chapitre à part, comportant également le début des mouvements de contestation (du printemps de Prague à Mai 1968). Les années 1969-1989 sont traitées dans un chapitre intitulé « Fighting for Peace in an Atomic Age...

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