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Reviewed by:
  • Mine, travail et société à Kirkland Lake par Guy Gaudreau, Sophie Blais et Kevin Auger
  • Robert Tremblay
Gaudreau, Guy, Sophie Blais et Kevin AugerMine, travail et société à Kirkland Lake, Sudbury, Ont., Éditions Prise de parole, 2016, 307 p.

D'entrée de jeu, il convient de saluer l'initiative de Guy Gaudreau de mettre à contribution les mémoires de maîtrise de deux de ses étudiant-es en histoire, Sophie Blais et Kevin Auger, en les associant comme auteur-es à l'ouvrage, là où d'autres se seraient contentés de s'approprier le contenu de ces travaux en remerciant leurs collaborateurs par une mention dans une note infrapaginale. Voilà une façon très courtoise de reconnaître l'autonomie intellectuelle d'étudiant-es consciencieux de deuxième cycle universitaire.

L'histoire de ce livre commence en 2005, lorsque son principal auteur, Guy Gaudreau, fut appelé pour sauver in extremis les archives de diverses sociétés minières sur le point d'être acheminées dans un dépotoir et d'être détruites à jamais. Celui-ci s'empressa de préserver, entre autres choses, les dossiers du personnel et les rapports d'accidents de travail de la Lake Shore Gold Mine, à Kirkland Lake (Ontario), de même que les livres de paye tenus par sa voisine et consœur minière, la Wright-Hargreaves. Ces documents qui couvrent surtout les années 1926 à 1945 ont constitué l'épine dorsale du présent ouvrage. En d'autres mots, disons que c'est l'archive qui a créé l'objet d'analyse, démarche tout à fait légitime mais qui nécessite un questionnement critique des sources et certains réajustements méthodologiques qui n'ont pas toujours été faits.

Guy Gaudreau, connu pour ses nombreux travaux sur les ouvriers mineurs de l'Abitibi et du nord de l'Ontario, nous avise dès le départ qu'il entend rectifier, grâce à ces nouveaux documents mis à sa disposition, son approche jadis trop optimiste qui misait principalement sur les avantages d'un emploi dans le secteur minier en termes de salaires et de mobilité, sans pour autant tomber dans une vision misérabiliste de cette page d'histoire.

Le cadre chronologique de l'ouvrage nous renvoie en gros à la grande dépression des années 1930 et à la Seconde Guerre mondiale, période durant laquelle les mines d'or de Kirkland Lake connaissent une prospérité sans précédent marquée par un prix du métal précieux en constante progression, une croissance des investissements miniers et une sédentarisation de la main-d'œuvre. Il faut comprendre qu'en période de crise économique, l'or constitue une valeur refuge dont la demande ne cesse d'augmenter sur les marchés internationaux. En outre, avec le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, l'or revêt les attributs d'une ressource stratégique, puisqu'il permet au gouvernement canadien d'acheter de l'armement auprès des États-Unis (pays encore neutre jusqu'en décembre 1941), en vertu de la politique du cash and carry.

Dans le chapitre 2 consacré à l'organisation du travail dans les mines d'or, on apprend l'existence de deux univers distincts et parallèles : celui des travailleurs de fond, plus nombreux (foreurs, chargeurs, boiseurs, convoyeurs, skippers, etc.), qui œuvraient huit heures par jour selon un système de rotation de quarts de travail et qui bénéficiaient de primes au rendement souvent à l'origine de nombreux accidents de travail ; et celui des travailleurs de surface (mécaniciens, forgerons-affûteurs, charpentiers, électriciens, opérateurs de moulin, analystes de [End Page 459] laboratoire, etc.) dont la tâche impliquait des heures supplémentaires, une rotation des quarts peu fréquente et des accidents plus rares. Si, dans le premier cas, les diverses fonctions en présence sont interchangeables, on ne saurait en dire autant des ouvriers de la seconde catégorie qui ressemblent plutôt à une aristocratie de métier. À ce stade-ci, on aurait aimé que l'auteur nous en dise un peu plus sur l'évolution des technologies mini...

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