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Reviewed by:
  • Remaking the Rhythms of Life. German Communities in the Age of the Nation-State by Oliver ZIMMER
  • Marie-Bénédicte Vincent
Oliver ZIMMER. – Remaking the Rhythms of Life. German Communities in the Age of the Nation-State, Oxford, Oxford University Press, 2013, 395p.

David Blackbourn appelait en 1998 à « retrouver le sens de l’espace » dans l’histoire allemande 11. Oliver Zimmer répond à cette injonction par une plongée au [End Page 160] cours de la seconde moitié du XIXe siècle dans trois villes de l’Allemagne du Sud, de taille intermédiaire comprise entre la petite ville et la Groβstadt de plus de 100 000 habitants : Ulm (45 000 habitants en 1900), Augsbourg (89 000 habitants en 1900) et Ludwigshafen (cette ville-champignon ne comptait que 3 000 habitants en 1860, mais rattrape Augsbourg au tournant du XXe siècle). Ces trois villes présentent des profils socio-économiques et confessionnels variés : Ulm possède une population majoritairement protestante et un tissu économique relativement traditionnel d’artisanat et d’ateliers. À l’inverse Augsbourg, avec deux tiers des habitants catholiques, acquiert un caractère de plus en plus industriel à la fin du XIXe siècle. Enfin Ludwigshafen apparaît mixte au plan confessionnel et emblématique de l’industrialisation rapide du dernier tiers du siècle. À travers une approche comparative de leurs archives municipales, l’auteur sort du cadre strictement monographique et mène une réflexion sur l’intersection des échelles en histoire : il cherche à voir comment les dynamiques de la vie municipale rencontrent les entités plus vastes (les États de Bavière et du Wurtemberg et l’Empire) et comment les grands changements économiques et sociaux de la seconde moitié du XIXe siècle sont perçus et réappropriés par les citadins. L’intérêt de la période est que les villes apparaissent de plus en plus connectées à leur environnement extérieur, par le chemin de fer d’abord (ainsi la gare centrale d’Ulm est ouverte en 1850 et, avec la construction du viaduc sur le Danube en 1854, la ville est reliée par le train à Munich ; c’est aussi depuis le milieu du XIXe siècle qu’Augsbourg est reliée par voie ferrée à Munich, Ulm et Nuremberg), ensuite par les autres réseaux de communication (à Ulm, un groupe de grands négociants fait pression pour que la ville reçoive dans les années 1880 une plate-forme téléphonique).

Le postulat de l’auteur est que l’histoire de la nationalisation du territoire allemand doit s’écrire en partant « du bas ». Les grands changements associés à la « modernisation » de l’Allemagne dans le second XIXe siècle modifient le sens de l’espace au niveau local. Mais selon lui, les villes ne sont pas passives face à la diffusion de normes nationales ou extérieures : elles rejettent ou adaptent ces normes au cours d’un processus créatif et sélectif, qui amène à une reconfiguration des activités urbaines économiques, sociales, culturelles et religieuses. Oliver Zimmer souligne combien ces nouvelles normes provoquent des tensions locales : les municipalités apparaissent moins comme des entités faisant preuve de cohésion face à l’extérieur que comme des arènes de discussions, qui donnent sans cesse lieu à des arrangements et des négociations entre les différents partis, car les habitants sont rarement d’accord sur les aménagements de l’espace urbain. Cette diversité interne vient compléter la différence entre les échelles. En somme, l’auteur veut retracer ces expériences urbaines (concept clé de sa recherche), donc travailler à une échelle infranationale et infrarégionale sur les représentations et les pratiques de la ville, avec l’idée que celles-ci continuent à cette période d’être façonnées au niveau local. Cette enquête au ras du sol ne le conduit toutefois pas à surévaluer le localisme ou le particularisme du Sud car, selon lui, on trouve en Prusse des villes aux profils similaires.

En insistant sur l’idée que le sens de l’espace est construit, l...

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