Abstract

Résumé:

Les langues d'origine camerounaise ou langues autochtones sont enseignées sous l'appellation officielle de Langues et Cultures Nationales (LCN) dans des établissements d'enseignement secondaire pilotes du pays. En les intégrant dans l'éducation, l'État voudrait protéger et promouvoir son patrimoine linguistique et culturel qui semble menacé de disparition. Cet article se propose d'étudier comment, dans des classes où cette nouvelle discipline est enseignée, le non-respect de certains rituels pédagogiques par les apprenants, avec ou non la permission de l'enseignant, ouvre des séquences dans lesquelles les identités de ces acteurs de classe se complexifient, se négocient et se reconfigurent. En effet, à ces moments de deritualisation, lorsque certains rôles de l'enseignant sont joués par un apprenant, celui-ci se positionne pour un temps comme « enseignant » de la salle, ce qui finit par le motiver. C'est souvent le cas quand l'enseignant demande à un apprenant d'utiliser une langue nationale (c'est-à-dire une langue locale) ou de parler des pratiques culturelles non connues de cet enseignant. Toutefois, l'enseignant, dans ses tentatives de négocier son identité, a recours à des stratégies qui lui permettent de reprendre son expertise. Ce travail repose sur une enquête essentiellement qualitative menée dans un établissement d'enseignement des LCN à Ngaoundéré.

Abstract:

In Cameroon, in some secondary schools, aboriginal languages are taught under what is officially called National Languages and Cultures (NLC). By integrating them into the education system, the country would like to protect and promote its endangered linguistic and cultural heritage. This article studies how the non-respect of certain teaching rituals in NLC classes, with or without the teacher's permission, opens sequences in which the identities of teachers and students become more complex and need to be negotiated or reconfigured. Indeed, during this deritualization, a learner can take on certain roles normally associated with the teacher. The learner then becomes "teacher" for a limited time, which ends up being a source of motivation. This often occurs when the teacher asks a learner to use a national language or to talk about cultural practices that the teacher does not know. However, the teacher, in an attempt to negotiate his identity, uses strategies that enable him to become an expert once again. This article is based on a qualitative survey conducted at a high school in Ngaoundéré.

pdf

Share