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  • Le service de santé aux armées de la Révolution et de l’Empire 1792–1815. Chirurgiens, médecins, pharmaciens by Alain Pigeard
  • Paul-Arthur Tortosa
Le service de santé aux armées de la Révolution et de l’Empire 1792–1815. Chirurgiens, médecins, pharmaciens
Alain Pigeard
Paris : Les Éditions de la Bisquine, 2016, 272 p., 20€

Cet ouvrage est la dernière publication d’Alain Pigeard, spécialiste de l’histoire militaire de la période napoléonienne. L’auteur présente son travail comme consacré à la principale institution responsable de la médecine militaire de la Révolution et de l’Empire : le service de santé aux armées. Doté d’un plan purement descriptif – chaque chapitre correspond à une année – sans notes de bas de page et avec une bibliographie réduite à quatre pages, ce livre ne se destine pas à un public d’universitaires, mais d’amateurs. Cependant, si l’absence de toute problématique n’est pas préjudiciable dans une œuvre destinée à une audience large, cette publication souffre de défauts majeurs.

Tout d’abord, de longs passages du livre sont consacrés à la revue exhaustive des lois, décrets et autres édits concernant le service de santé aux armées. Utiles pour les chercheurs spécialistes de la période, ils sont arides pour les autres lecteurs. Bien plus agréables à lire sont les extraits de lettres ou de mémoires de l’époque régulièrement cités. [End Page 533] En revanche, il est dérangeant de voir l’auteur relater des anecdotes rocambolesques sans jamais douter de leur vraisemblance. Prenons l’exemple du colonel Jean-Baptiste Sourd à Waterloo. L’auteur raconte que, blessé à l’épaule, ce dernier « se rend à l’ambulance et présente le membre déchiqueté au chirurgien. Celui-ci l’ampute et le panse séance tenante. Le colonel remonte à cheval et charge une seconde fois » (p. 185). Ce genre de récit glorieux relève bien plus de la légende dorée de la Grande Armée que de la réalité, esquissée plus finement dans les ouvrages de Jean-Paul Bertaud ou Hervé Drévillon.

La préface se présente avec humour comme un entretien avec Dominique-Jean Larrey, célèbre chirurgien militaire de l’époque. Les membres du service de santé y sont décrits comme dévoués « au service de l’humanité et de la souffrance des soldats » (p. 9). Cette formulation passe sous silence l’usage instrumental des savoirs « scientifiques » par le gouvernement qui, loin d’avoir uniquement des ambitions humanistes, cherchait à maximiser le nombre de soldats en état de combattre. Cette vision idéaliste de la médecine néglige totalement la tradition critique développée dans le sillage de Michel Foucault.

De même, un paragraphe consacré aux femmes est caractéristique des vues traditionalistes de l’ouvrage. L’auteur commence par évoquer le courroux des officiers face aux innombrables « catins » gravitant autour des camps et transmettant des maladies aux soldats. Il s’empresse cependant de rassurer le lecteur : « il y avait aussi des épouses bonnes et braves » (p. 36). Il retourne finalement à l’évocation croustillante des conséquences de la fréquentation des « dames aux mœurs légères » par un zeugma graveleux, écrivant que Desaix eut d’une femme, « une fille et les restes cuisants d’une gonorrhée mal guérie » (p. 37). L’épouse brave et la prostituée malade, les deux faces habituelles du Janus patriarcal, pourtant vigoureusement attaqué par de nombreux universitaires, notamment Clyde Plumauzille qui a publié en 2016 un ouvrage sur la prostitution à l’époque révolutionnaire.

Le récit de l’expédition d’Égypte est également très réducteur. Nulle mention n’est faite des violences commises par l’armée française, mais l’auteur souligne qu’il fallait mettre les blessés « hors d’atteinte des Arabes, qui les achevaient ou les mutilaient horriblement » (p. 62). Il enfonce le clou quelques lignes plus loin, en rappelant qu’ils risquaient d’être « égorgés par les Arabes » (p. 62). Par ailleurs, l’assassin de Kléber...

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