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  • Translations/Traductions
  • Aude A. Gwendoline

introduction

Le moment de la genèse de cet article a coïncidé avec l'annonce des lauréats du Prix du Gouverneur Général pour l'année 2016. Contrairement au Prix Giller, par exemple, qui récompense également des traductions, mais sans leur consacrer ni catégorie à part entière ni jury propre, le Prix du Gouverneur Général forme chaque année deux comités d'évaluation par les pairs – l'un anglophone, l'autre francophone – pour évaluer exclusivement les œuvres de traducteurs vers l'anglais, dans le premier cas, et celles de traducteurs vers le français, dans le second.

Un membre de chacun des comités d'évaluation de l'année 2016 a accepté de partager son expérience en qualité de sélectionneur des finalistes et du vainqueur du célèbre Prix. Au total, quarante-quatre ouvrages traduits vers le français et vingt-huit traduits vers l'anglais – tous genres confondus : romans, littérature pour enfants, pièces de théâtres, recueil de poèmes, essais documentaires – ainsi que les œuvres originales dont ils étaient tirés (soit respectivement quatre-vingt-huit et cinquante-six livres au total) sont parvenus aux trois membres de chaque comité qui, dans un premier temps, n'ont pas communiqué les uns avec les autres pour établir leur pré-sélection. Pour consignes, le Conseil des Arts n'avait [End Page 78] donné aux trois membres du comité que de vagues directives : ne pas tenir compte de la qualité de l'original et avoir établi une première liste des dix ouvrages qu'ils jugeaient de la meilleure qualité en vue de leur réunion de travail. Le membre du jury anglophone confirme lesdites consignes en ces termes : ''Committee members are asked to evaluate the quality of the translation, as opposed to the quality of the literary work. No criteria are specified. A comparison of the translation with the original text is necessary to make this evaluation.''1 Au moment de se réunir à la fin de l'été 2016, les trois juges francophones avaient retenu, en cumulant leurs trois « top 10 », une liste de 19 ouvrages. Des recoupements, donc, mais aussi des dissensions entre les trois membres du comité venus d'horizons différents. Celui interrogé aux fins de cet article a ainsi déclaré :

Parfois, on a dû défendre notre point de vue. Devant les arguments des deux autres, j'ai changé mon classement.

J'ai certains critères dans ma tête, du fait de mon parcours, et j'ai vu que ce que je cherchais – élégance et raffinement terminologique – n'avait plus autant d'importance.

Parfois le traducteur se superpose un peu à l'auteur au niveau littéraire et c'est plus nuisible.

Certains traducteurs étaient un peu trop brillants et ils ne servaient pas le texte2.

Interrogé à son tour sur ce qui permet de juger de la qualité d'une traduction, le membre du comité de sélection anglophone a répondu:

To judge what makes a good translation, refer to the statements describing the winners over the years. In the 2016 citation, concerning Lazer Lederhendler, I would emphasize the last sentence: ''Writing with grace and imagination, he creates a compelling work of art, while serving and respecting the original.''3 One of the greatest challenges for a translator is to create a text that is valid in its own right, that can stand on its own, while at the same time serving the author. The committee considered Lederhendler exemplary in putting his skills at the service of the author.

Il est intéressant de noter que, dans le premier cas – la traduction vers le français –, il est question de « servir le texte » tandis que dans le second, [End Page 79] il s'agit davantage de « servir l'auteur ». À en juger par les propos de Gabriel García Márquez au sujet de son plus brillant traducteur, Gregory Rabassa, décédé l'an dernier à l'âge de 94 ans, le bon traducteur se mettrait davantage au service du texte pour le re-créer4, Rabassa corroborant cette th...

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