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Reviewed by:
  • Didactique du français : Pour une approche contextualisée et explicite de la langue à l'école by S. Clerc Conan & C. Richerme-Manchet
  • Cécile Sabatier (bio)
S. Clerc Conan & C. Richerme-Manchet. (2016). Didactique du français : Pour une approche contextualisée et explicite de la langue à l'école. Louvain-la-Neuve : EME Éditions 150. pp. 15,50 € (papier)

Et si la maitrise de la langue à l'école, ou plus exactement celle de la langue de l'école, recouvrait beaucoup plus que les seuls savoir-faire orthographiques, grammaticaux et pragmatiques? C'est à cette interrogation que nous convient Stéphanie Clerc Conan et Claude Richerme-Manchet dans leur ouvrage.

À l'origine de celui-ci : Paroles d'écoles, un projet pédagogique qui est tout à la fois modeste et ambitieux. Modeste dans son « objectif, hélas non révolutionnaire, [d'amener les élèves] à aller vers ce que la société et l'école attendent d'eux : parler la "bonne langue" » (p. 7) ; mais ambitieux, car il place la parole des élèves au centre de la démarche didactique des enseignants. Ambitieux, aussi, car il adopte dès sa conceptualisation une approche sociodidactique qui affirme haut et fort que « l'obstacle aux apprentissages n'est pas la variation intralinguistique ni la variété des langues en présence dans la classe mais le fait de les nier et de les exclure des séances pédagogiques portant sur l'étude de la langue » (p. 45). Ambitieux, enfin, car il propose dans le contexte spécifique de l'éducation actuelle en France, un projet citoyen du vivre ensemble par une éthique de l'altêrité qui ancre les rapports au langage et aux langues (qu'elles soient langue(s) de l'école ou langues des répertoires individuels), et donc les relations à l'Autre, au cœur de la logique pédagogique.

À travers quatre chapitres et des annexes exhaustives pour reproduire le projet en le contextualisant aux réalités éducatives qui seraient celles du lecteur, ce dernier est convié à réfléchir à cette langue de l'école, cette langue qui est celle des apprentissages normes et formels, celle de la réussite scolaire, mais aussi celle des relations sociales ; une langue qui est parfois fort éloignée des pratiques langagières ordinaires des élèves. Avec le premier chapitre, les deux auteures s'inscrivent dans la lignée des travaux qui, dès les années 1990-2000, observaient déjà les écarts entre la langue en usage au quotidien et celle usitée dans l'enceinte scolaire (on citera pour mémoire, par exemple Boutet [2002], « "I parlent pas comme nous". Pratiques langagières des élèves et pratiques langagières scolaires ») et (d)énoncent les multiples décalages entre pratiques langagières scolaires et sociales, la perte de sens qui en découle pour les élèves qui ont du mal à saisir ce qu'est « la » langue et, pour les enseignants, le flou d'un objet d'enseignement « non clairement défini, comme si la définition de "la" langue était unanimement partagée » (p. 23). Ce faisant, elles font le choix de situer la démarche d'enseignement dans « un projet social, [End Page 421] communicatif et relationnel » (p. 33), qui, dans le chapitre deux, pose pour principe didactique que la langue de l'école est une langue à expliciter pour les élèves, car elle est une façon de parler parmi d'autres ; c'est donc une langue à problématiser en la replaçant dans l'ensemble des usages langagiers d'un individu. Lesquels se trouvent dès lors légitimés. Une telle approche porte en elle l'essence même de la dimension citoyenne du projet, car elle vise à ouvrir l'École et ses acteurs à la diversité linguistique et culturelle des sociétés contemporaines. En adossant l'enseignement de la langue aux pratiques sociales – pour (re)donner du sens et rendre explicite pour les élèves les raisons du travail sur la langue –, ce sont les rapports aux autres langues portées par les élèves, et donc à leurs locuteurs, qui trouvent une place et « une valeur » (p. 35) au sein...

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