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  • Quelle philologie pour quelle lexicographie? Actes de la section 17 du xxviie Congrès international de linguistique et de philologie romanes ed. by Stephen Dörr, Yan Greub
  • Pierre Swiggers
Quelle philologie pour quelle lexicographie? Actes de la section 17 du xxviie Congrès international de linguistique et de philologie romanes. Édités par Stephen Dörr et Yan Greub. (Studia Romanica, 197.) Heidelberg: Universitätsverlag Winter, 2016. vi+182 pp., ill.

Le contenu des neuf articles que comporte ce volume d’actes de colloque est complémentaire; on y trouve confrontés: les points de vue d’éditeurs de textes, de lexicographes (diachroniciens) et de linguistes(-philologues); les principes et les décisions stratégiques de quatre grandes entreprises lexicographiques à ancrage philologique: Lessico etimologico italiano, Anglo-Norman Dictionary, le Dictionnaire étymologique de l’ancien français et Tesoro della lingua italiana delle origini; diverses traditions de recherche (en philologie, histoire littéraire, lexicographie): allemande, anglaise, française et italienne; des matériaux philologiques et lexicologiques de trois langues (plutôt: diasystèmes) romanes: ancien et moyen français, ancien occitan, ancien italien. Cette complémentarité quadruple est rehaussée par un questionnement métaphilologique constant, portant sur la symbiose optimale entre éditeur de textes et lexicographe diachronicien; la finesse et le degré d’explicitation de l’approche (méta)lexicographique (définition lexicographique; prise en compte du contexte; exemplification); et la jonction subtile entre sémantique (synchronique) et étymologie dans le traitement lexicographique. La question fondamentale qui revient à travers toutes les contributions (sans qu’elle reçoive une réponse définitive—est-ce d’ailleurs possible?) est celle du ‘meilleur’ type d’édition (hantise des spectres de Lachmann, Bartsch, Paris, Meyer et Bédier entre autres). Il semble toutefois que tous les auteurs s’accordent sur les points suivants: admettre l’insuffisance d’éditions ‘reconstructionnistes’; reconnaître la pertinence d’une approche philologique faisant ressortir le caractère ‘dynamique’ (‘diffractionnel’ ou ‘diasystémique’) d’un texte; réclamer que les glossaires d’éditions soient sensibles aux informations contextuelles et dépassent le niveau de la glose afin d’accéder à celui d’une analyse sémasiologique. Autour de la question-phare posée dans le titre s’articule ainsi une problématique complexe (d’autant plus qu’elle véhicule un pan d’histoire de la philologie marqué par de violentes controverses), qui convoque linguistes, lexicographes, sémanticiens, étymologistes, philologues (éditeurs/commentateurs de textes), historiens de la langue et de la littérature, mais aussi leurs collaborateurs informaticiens et documentalistes, à l’ère de la philologie digitale. Si les contributions dans ce volume, édité avec soin (j’ai relevé quelques rares coquilles ou maladresses stylistiques: pp. 3, 9, 21, 47, 73, 112, 114, 119, 130, 135, 138, 143, 180), tournent autour de décisions stratégiques, de positionnements axiomatiques (en ecdotique, lexicographie ou sémantique), et même de choix individuels (ouverture interdisciplinaire ou cloisonnement; sensibilité à la variation langagière; recours à l’informatique), il me semble qu’une question cruciale reste en suspens: quelle est la conception que se font l’éditeur de textes et le lexicographe de la ‘langue’ (ou: état de langue) qu’ils décrivent, et comment voient-ils le rapport entre leur travail et cette ‘réalité linguistique’? Question qui conduit au cœur de l’épistémologie des sciences du langage. [End Page 454]

Pierre Swiggers
Fonds Wetenschappelijk Onderzoek et Katholieke Universiteit Leuven
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