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Reviewed by:
  • Génie de la laïcité by Caroline Fourest
  • Edward Ousselin
Génie de la laïcité. Par Caroline Fourest. Paris: Bernard Grasset, 2016. 324pp.

Par comparaison avec Éloge du blasphème (voir French Studies, 70, 147–48), le dernier livre de Caroline Fourest est plus historique que polémique. Faisant ironiquement référence au Génie du christianisme de Chateaubriand (1802), cet ouvrage récapitule et contextualise les incessants débats ainsi que la série de tueries politico-religieuses qui ont marqué et endeuillé la société française depuis une trentaine d’années. Le chapitre 2, ‘La Guerre des modèles est déclaré’, intéressera plus spécifiquement ceux qui veulent en savoir plus sur les divergences considérables entre la France et les États-Unis en ce qui concerne le statut du fait religieux dans la vie publique. Quant au chapitre 3, le plus long et le plus important du livre, il est consacré au moment historique décisif qui a permis à la Troisième République de produire la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l’État, établissant ainsi la laïcité en tant que principe constitutionnel fondamental en France. Cependant, ce [End Page 436] principe a souvent été attaqué depuis un siècle. Il a également connu ‘deux immenses parenthèses’ (p. 177). Comme le signale Fourest, à partir du moment où le régime concordataire (établi lors de la période napoléonienne) n’a pas été abrogé en Alsace-Moselle au lendemain de la Première Guerre mondiale, la ‘République n’est dès lors plus tout à fait “indivisible” ni laïque’ (p. 180). Si les deux départements de l’Alsace et celui de la Moselle restent de nos jours des exceptions aux normes de la laïcité en vigueur dans le reste de l’Hexagone (des dérogations existent par ailleurs parmi les collectivités d’outre-mer), le Régime de Vichy, l’autre grande exception, a heureusement été de courte durée. La Constitution de 1946, dès son article premier, a officiellement mis fin à cette dernière exception, en réaffirmant la centralité de la laïcité dans l’édifice constitutionnel de la République. Fourest rappelle que, depuis les années 1950, des tentatives plus limitées de contourner le principe de laïcité ont connu un certain succès. C’est notamment le cas de la loi Debré de 1959, qui a mis en place le financement partiel par l’État d’écoles confessionnelles (très majoritairement catholiques). De façon plus générale, les dérogations — souvent préconisées, parfois adoptées — à la loi de 1905 illustrent les usages ‘à géométrie variable’ qu’en font les politiciens de gauche et de droite: ‘Une certaine gauche aura toujours tendance à se montrer plus exigeante envers l’Église catholique qu’envers l’islam, par culpabilité coloniale et peur du racisme. Une certaine droite ne semble invoquer la laïcité que face à l’islam, sans jamais vouloir l’appliquer à l’Église catholique’ (p. 201). Après avoir clairement exposé les raisons pour lesquelles la laïcité continue d’être un enjeu de société crucial à notre époque, Fourest propose une série de mesures fort précises qui ont pour but de préserver les acquis de la loi de 1905, tout en évitant de brusquer les divers groupes religieux qui sont plus ‘récemment’ présents en France (musulmans, évangéliques, sikhs, etc.). D’une écriture limpide, ce livre solidement documenté pourra intéresser de nombreux lecteurs, qu’ils soient ou non d’accord avec l’engagement laïque de Fourest.

Edward Ousselin
Western Washington University
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